Lorsque j'ai entendu parler de cette série, j'étais assez excité. Du Stephen King qui ne l'est pas vraiment tout en l'étant pas mal ? Quel chouette projet ! Au programme : la ville de Castle Rock, donc, Shawshank, une poignée de protagonistes déjà croisés dans des romans du maître, des clins d'œil pour les fans (dont certains ont dû m'échapper!), sans oublier Bill « Ça » Skarsgård et Sissy « Carrie » Spacek pour renforcer le tout, la seconde que l'on a beaucoup de plaisir à retrouver, dans un rôle particulièrement touchant. De plus, la présence de J.J. Abrams n'est pas anodine : formellement, c'est très sûr, que ce soit par la mise en scène, certes un peu formatée mais efficace, ou la photo, amenant une dimension inquiétante supplémentaire. Surtout, il y a un vrai mystère autour de ce qui se passe, rendant jusqu'au bout l'œuvre intrigante. Il y a une vraie ambiance, avec des personnages ambivalents, ayant tous plus ou moins quelque chose à cacher. Beaucoup de potentiel, donc, et pourtant... Dustin Thomason et Sam Shaw, les deux créateurs, n'en font pas grand-chose. Quelques très belles idées, certes, notamment ce voyage entre passé et présent que réalise régulièrement Ruth, aidée par ces
figurines de Lewis
, rappelant presque le « Inception » de Christopher Nolan. Mais la plupart du temps, on avance d'épisode en épisode sans avoir eu beaucoup de révélations : on peut même dire qu'il ne se passe parfois pas grand-chose. On se dit que cela va évoluer, qu'il va forcément y avoir des moments éclairants : ils sont très rares, le scénario ouvrant beaucoup de pistes intéressantes qu'il n'explore jamais vraiment. Ce n'est pas toujours limpide (euphémisme), au point d'en être souvent réduit aux suppositions, aux « peut-être que... », pas aidé en cela par un neuvième épisode prêtant plus à confusion qu'autre chose, à base de
réalités alternatives où tout le monde aurait une version différente des événements
... Restait alors à savoir si le final allait permettre de lever une grande partie des interrogations, d'offrir quelque chose de fort... La réponse est très clairement non, nous donnant surtout l'impression d'un remake (très développé!) de
« L'Homme qui hurle »
, épisode mythique de « La Quatrième Dimension ». Je ne me suis pas ennuyé, cette plongée dans l'univers de l'auteur de « Shining », ponctuée de quelques scènes marquantes, est chouette, tout comme certains personnages secondaires
(l'excellente Jackie Torrance, pas assez exploitée)
, cela restant suffisamment bien fait pour que l'on ait envie d'aller jusqu'au bout. Encore aurait-il fallu que lorsqu'on y arrive, nous ayons l'impression que cela valait la peine d'attendre, ce qui n'est que très partiellement le cas, ayant presque l'impression de comprendre encore moins qu'au départ... Il semblerait que la seconde saison soit plus « cartésienne » : si c'est le cas, je ne m'en plaindrais pas.