Voilà une série qui m'a surpris. Il y a pas mal de série de SF de bonne facture à la télévision, mais Dark Matter, d'après moi, sort du lot. Le postula de départ, à savoir, cinq personnes se réveillant un jour dans un vaisseau inconnu sans aucune mémoire, est savoureux. Cinq personnes, s'appelant chacun par un numéro. Cela donne un côté mystérieux. Il est dommage que certains éléments de l'intrigue aient été dévoilé rapidement. Il y avait matière à creuser.
Néanmoins, si on peut noter une chose, c'est que Dark Matter se centre sur des personnages qui, malgré eux, sont en quête de rédemption. Leur moi avant la perte de mémoire et le moi après, ne sont pas les mêmes. Ils devront apprendre à vivre avec cela alors qu'ils en prennent conscience. Chacun ont une trajectoire différente, y compris Androïde. L'un doit apprendre à vivre avec son triste passé et à découvrir ce qu'il est vraiment, l'autre décide de plonger dans les ténèbres et retrouver son ancienne personnalité pour le bien de tous, le salopard du groupe n'est finalement pas aussi insensible, un autre apprend à rejeter ce qu'il a accepté dans le passé car il prend conscience qu'il a toujours des rêves de justice, etc... Il a des traitrises, des retournements de situations, des morts, de bons sentiments. Chacun croit bien faire, et il arrive qu'il s'enfonce.
Dark Matter, c'est aussi une vision sur notre monde actuel. Dark Matter est un monde où le pouvoir économique, soit celui des sociétés, a pris le pas sur le pouvoir politique. On ne parle plus de pays mais de compagnies. Et au final, on voit que cela est une mise en garde. Dark Matter est un monde sombre, aussi sombre que l'étaient les passagers du Raza. Il nous démontre les méfaits du tout économique, ses travers et ses risques. C'est un monde corrompu et chacun des passagers du Raza sont une victime de ce monde :
"Un" souffre des manigances de ceux de sa propre société, "Deux" a été créé par une autre, "Trois" est responsable de l'oppression d'une troisième, "Quatre" ne cherche qu'à protéger son monde contre les compagnies, "Cinq" est une orpheline, symbole de la pauvreté et "Six" apprend que la justice n'est rien d'autre qu'un outils aux mains des compagnies
. Dark Matter ne nous apporte néanmoins aucune réponse à part que cela est l'affaire de tous (symbolisé par les actions de l'équipage du Raza).
Dark Matter, c'est aussi une intrigue entraînante, cruel qui ne laisse aucune concession. Le "happy end" n'est pas forcément de mise. Il y a des échecs, des choix cruels et parfois assumés, des regrets, des personnages tourmentés. Rien n'est tout blanc et rien n'est tout noir. Le gris est souvent de mise.
On arrive même à comprendre les trahisons de "Six" puis "Quatre", presque à les pardonner. On ne peut leur en vouloir totalement, même si leurs exactions semblent impardonnables
. On reste scotché sur notre écran alors que tout devient de plus en plus sombre.
En fin de compte, Dark Matter est une bonne série de SF. Ce n'est pas le space opéra de Babylon V, mais elle a ses arguments. Les intrigues sont bien ficelés, ainsi que les personnages. Et tout bouge très vite. Le héros d'aujourd'hui peut devenir l'ennemi de demain et vice-versa. C'est un brin d'espoir entouré de noirceur. Une série que je conseillerais à tout bon amateur de SF.