Netflix a semble t-il voulu faire un House Of Cards à la française à Marseille, et je dois dire qu'à la vue du pilot, c'est assez peu engageant. "Marseille" reprend donc certains codes de "House of Cards", notamment les sms à l'écran, mais la comparaison s'arrête là, car le reste est assez médiocre.
Le premier reproche à faire, ce serait des enjeux mal définis et faibles, principalement à cause d'un manque d'approfondissement de l'intrigue politique (la banalité de la construction d'un casino, le conseil municipal, les élections), d'un twist prévisible et mal amené (la trahison de Lucas se voit venir à des kilomètres et n'est guère justifiée) et d'un épisode en mode succession de scènes trop courtes pas suffisamment travaillées et donnant peu de relief aux personnages secondaires (la fille du maire qui traîne en banlieue, je m'en fous; la femme du maire qui fait du violoncelle, idem).
En bonus, le scénario égrène tous les clichés possibles sur Marseille (morts, cités dangereuses, montres volées, voitures brûlées), est empreint d'un machisme quasi perpétuel (chez le maire, au conseil ou dans les mots de Lucas), en fait trop avec le fond sonore tragique de violoncelle et manque de clarté sur le vote final.
Enfin, Depardieu traîne sa grosse carcasse sans dynamisme et multiplie les blagues vulgaires bien pourries pendant que Magimel se ridiculise avec sa coiffure horrible et son accent marseillais affligeant et que Géraldine Pailhas souffre de la comparaison avec Robin Wright, tant au niveau du jeu que du rôle qu'elle tient.
Voilà, je regarderais la suite pour voir si ça s'améliore mais j'ai de sérieux doutes.
L'épisode 2 ne fait rien avancer et continue d'envoyer du sexisme et de la vulgarité à foison. L'épisode 3 est dans la même veine machiste et auto-centrée sur le cul, mais se bouge un peu plus au niveau de son intrigue politique. Hélas, il n'y a rien de bien neuf, c'est pas super rythmé, la femme et la fille du maire errent dans des trames sans intérêt et l'accent de Magimel est repoussant (comme sa coiffure).
L'épisode 4 confirme que la file et la femme de Taro sont inintéressantes, même si il y a une tentative louable de lier le tout à l'intrigue politique. Concernant Taro et Barrès, outre des manigances assez banales, le cliffhanger pourtant prometteur est mal orchestré.
L'épisode 5 est dans la même veine, avec une scène de fin que j'ai trouvé assez quelconque et pas très bien interprétée, surtout par Magimel. Sinon, il faut arrêter ses intermèdes avec plan aérien et musique de tragédie grecque, ça confine plus à la parodie qu'autre chose!!!!
L'épisode 6 confirme les carences des intrigues des cités, de la fille et de la femme de Taro. En bonus, on ne voit jamais le maire faire son travail pour Marseille, le vote est ridicule (dans quelle univers signe t-on le registre avant de mettre l'enveloppe dans l'urne, comment accepte-t-on les intimidations à l'intérieur même du bureau de vote, aucune sécurité à l'extérieur et personne ne réagit quand quelqu'un est poignardé, et les gars de la cité n'ont pas de portable pour appeler les secours) et il n'y a aucune ambiance lors des résultats. C'est franchement lent, pauvre et sans tension, avec toujours ses transitions risibles consternantes.
L'épisode 7 démarre de manière bien médiocre, avec des scènes complètement ridicules (le cold-open est risible, la discussion censée être tragique entre la mère et la fille devient poilante tant c'est mal joué et mal écrit). Tout le reste est bâclé (la composition des listes, les manipulations grossières, l'organisation du débat) dans un déluge de passages expéditifs aux dialogues inutilement vulgaires et au sexisme repoussant. Le pire dans tout cela, c'est que rien ne bouge vraiment, avec le côté mafieux de Lucas qui n'est pas franchement exploité et l'addiction de Taro qui reste en arrière-fond de l'histoire.
Ça y est, je suis arrivé au bout de cette saison 1, à prendre au 140ème degré pour l'apprécier, car c'est ultra-parodique mais ça se prend trop au sérieux. Il y a bien des idées potables mais l'agencement de l'ensemble est minable, torché, bâclé comme c'est pas possible, à l'image du débat risible et des candidats interviewés le jour même du vote (le CSA n'existe pas dans Marseille???). Concernant la famille Taro, les twists s'enchaînent entre absence de surprises et relative indifférence, tant la toile d'araignée tissée par le scénario est mal fagotée. Le pire reste toutefois ce qui tourne autour de la cité et des caïds, car au final ça n'aura servi vraiment à rien et le règlement de compte entre gangster est sans intérêt. Enfin, la crise de conscience de Lucas est tellement incohérente que ça en devient ridicule, tout comme la scène finale peu ambitieuse et pas très bien interprétée.