Depuis maintenant plusieurs années, on peut, à juste titre, considérer que la série se rapproche de plus en plus de la qualité cinématographique et ne se contente plus, comme avant 90, de se décliner en deux tonalités : le sériel (nouvelles intrigues à chaque épisode) et le feuilletonnant (une intrigue qui se suit). Aujourd'hui, elle se décompose en différents genres et chaque spectateur peut y trouver son compte. Ainsi, il n'est plus étonnant ou événementiel de voir les acteurs pousser la chansonnette dans cet univers si quotidien, et non spectaculaire, qu'est la télévision.
Alors, bien sûr, quand on parle de comédie musicale à la télévision, on pense inévitablement au succès de Glee, qui a totalement remis au goût du jour la chanson dans les séries. C'était un pari risqué, lors de sa création, mais bien moins important que Galavant, car ce feuilleton se servait de hits déjà existants de la musique populaire de toutes les époques. Certes, Galavant utilise le succès de cette série pour vendre son projet mais il joue sur le décalage des genres, afin de donner une tonalité comique à son histoire.
En y repensant, on se souvient de ces épisodes spéciaux de séries à succès des années 90 qui avaient tenté de créer tout un événement, en composant des musiques originales, à cette occasion : le premier exemple significatif fut celui de Buffy contre les vampires et son épisode «Tous en scène », superbe hommage à la comédie musicale de Broadway, dans des tonalités jazzy, typiques des films des années 50-60, mais aussi une modernité rock, en accord avec l'époque contemporaine à la série. Ce fut le départ de nombreux autres shows, surfant sur cette tendance.
Galavant est une série créée par Dan Fogelman pour la chaîne abc, lors de la pause d'hiver faite par Once Upon A Time. Elle s'inspire d'un univers fantastique et chevaleresque dans un format télévisuel appelé sitcom (8 épisodes de 20 minutes avec une tonalité comique) et raconte les péripéties d'un jeune chevalier du nom de Galavant, qui tente de reconquérir l'amour de sa vie, enlevée par un roi sans scrupule. A cela, on ajoute une bande originale écrite par les producteurs exécutifs dont l'un est une figure emblématique de la musique Disney (n'oublions pas que abc est une chaîne Disney) et de la comédie musicale actuelle, Alan Menken. A ce niveau-là, le succès paraît évident!
Et d'ailleurs, le résultat est plutôt réussi. Le format sitcom rend chaque épisode très dynamique et ceux qui auraient peur de s'ennuyer ne verront pas le temps passer. Le mélange intelligent des genres permet, sans souci, à la série de plaire à un large public, homme ou femme, de 7 à 77 ans. Il faut le reconnaître, cependant, l'intrigue est très simple. Et pour cause, en format sitcom, il est difficile d'amener le principe du feuilleton, sans avoir le temps de développer une plus grande psychologie des personnages. Cela n'a pas grande importance en soi, car Galavant se présente plus comme un moment de détente entre les deux parties d'une série plus dramatique et ne demande aucun engagement émotionnel à son spectateur. Les personnages, tous archétypaux et à la limite du cliché, sont à la fois séduisants et ridicules, chevaleresques et totalement normaux, lyriques et d'une incroyable impolitesse, bref de véritables personnages de sitcom.
Enfin, les numéros musicaux sont tout bonnement jouissifs. L'écriture est à la fois simple, facilement mémorisable mais en parfait accord avec l'univers épique qu'elle décrit. Comment ne pas prendre goût à notre vie et au monde qui nous entoure quand on peut pousser la chansonnette sans aucune raison valable ! Si vous n'avez pas encore essayé, prenez une dose de Galavant, il ne vous en coûtera que 20 minutes pour un épisode et moins de trois heures pour la saison entière ! Vous avez jusqu'à janvier, le temps qu'arrive la nouvelle saison!