Malheureusement une grosse étoile en moins pour les 3 dernières saisons et le finish, où le règlement de comptes avec l’acteur Charlie Sheen prend le dessus sur une fin en beauté de cette série tout de même culte. Jusqu’à la saison 8, on se délecte de la cohabitation quotidienne des deux frères que tout oppose, entre Allan le chiropracteur qui rate à peu près tout dans sa vie, du point de vue matériel ou social, demande inlassablement l’aide de son entourage pour s’en sortir et Charlie qui au contraire, vis aisément des revenus de ses jingles dans sa villa en pleine plage de Malibu, et consacre simplement ses journées à multiplier les conquêtes, déguster ses meilleurs alcools, et mener une vie de débauche machiste. Ajoutons à cela Jake le fils d’Allan qui grandit de saison en saison, dont la touchante innocence est confrontée à la menace perpétuelle de l’image peu vertueuse de son oncle, et tous les personnages secondaires qui ajoutent leur grain de sel à ce mélange explosif, on obtient un condensé de punchlines mythiques et de situations hilarantes à chaque épisode. La saison 9 connait un tournant important avec le départ de Charle Sheen (à cause de ses conflits avec les producteurs), remplacé remarquablement par Ashton Kutcher, alias Walden, un richissime jeune informaticien loufoque qui reprend la villa sans y chasser Alan. La sauce ne va néanmoins prendre que pendant la première moitié de cette saison, à partir de laquelle la série ne sait plus quelle direction prendre, et finit par se morfondre dans la médiocrité à force de personnages superflus créés au fur et à mesure, d’exagération des défauts des personnages et d’aller-retours incohérents entre différentes histoires parallèles. Tout d’abord Walden, qui au début avait une personnalité extrêmement intéressante, ne se prenait pas au sérieux dans un style décalé et amusant -quel dommage de ne pas être resté dans ce délire!-, finit peu à peu par ressembler à un colérique qui passe sont temps à rouspéter (et ce n’est pas très drôle) continuellement contre Allan et en lui signifiant nerveusement qu’il doit quitter sa maison, lui qui auparavant le suppliait à maintes reprises de rester à tout prix pour lui tenir compagnie... Allan justement, se transforme en un chômeur pingre à la démesure, profiteur, menteur et homosexuel refoulé à outrance, dont les défauts se retrouvent tellement exagérés qu’il devient moins crédible. En parlant de manque de crédibilité, on touche le fond avec Jake, qui devient un abruti de première, et se retrouve malheureusement progressivement écarté, victime non pas de ses qualités d’acteur mais de l’humour trop lourd et simpliste qu’on lui a infligé. Jusqu’à la saison 12, la série enchaîne les histoires décousues, on en commence une, on voit que ça ne prend pas, puis on en recommence une autre avant de revenir sur la précédente. On introduit un personnage, il acquiert de l’importance, le temps de quelques 3 ou 4 épisodes puis on l’oublie d’un seul coup comme s’il n’avait jamais existé, et on repasse à autre chose. Les personnages disparaissent et réapparaissent par magie, ils prennent des décisions et changent radicalement d’avis et de posture sans que le tout n’ait aucune une suite logique. On ne retrouve plus ni la subtilité, ni la cohérence des saisons précédentes, si seulement l’humour venait sauver tout cela, on veut y croire mais rien n’y fait, tout n’est finalement que lourdeur et ennui. On constate bien que la pilule du départ de Charlie Sheen ne passe pas : des messages subliminaux viennent attaquer de temps à autre Charlie Sheen, avec des répliques subtilement placées
, vient alors le dernier épisode, où l’on ridiculise directement l’acteur faisant allusion à ses problèmes d’alcool et de cocaïne, voire sa perversion sexuelle, où Chuck Lorre -le producteur- fier de son coup lui lance un ultime « I win », dont le spectateur se serait bien passé
. Two & Half Men (Mon oncle Charlie) reste une série culte dont les épisodes avec Charlie sont à voir et à revoir, même si, et c’est extrêmement dommage Walden, un très bon prétendant au départ pour reprendre le flambeau, ainsi que les autres personnages se soient maladroitement transformés pour se perdre en cours de route.