Décidément, même si The Knick n'a rien à voir avec Banshee, elle confirme que Cinemax met les moyens dans ses séries pour créer une atmosphère. Mais ici, c'est d'autres combats à mains nues qu'il s'agit. Nous sommes emporté dans le New York du début du XXème siècle, à une époque où la chirurgie sautera un grand pas grâce à des hommes visionnaires. Et c'est l'équipe d'un entre eux, formidablement incarné par Clive Owen, que nous suivrons aussi bien autour de la table d'opération qu'à l'extérieur de l'hôpital.
Comme d'autres séries médicales avant elle, The Knick prend le parti de ne rien cacher. Estomacs sensibles, vous êtes prié d'attendre que votre digestion soit terminée. Rien n'est suggéré et toutes les expérimentations se font face caméra. Un choix qui fait écho à la dureté d'une période néanmoins pleine d'espoir sur diverses sujets sociétaux. Au delà du contexte chirurgical qui revêt un aspect documentaire, la série se pose sur une période de transition majeure des Etats-Unis et n'oublie pas de traiter voir d'effleurer d'autres sujets. On est ainsi ballotté entre les tensions raciales, l'immigration massive, l'apparition du mouvement progressiste, l'industrie, l'automobile, l'envie d'émancipation des femmes à travers des épisodes qui font parfois office de petits chefs d’œuvres. Un sentiment possible grâce à une esthétique proche de la perfection. Le choix audacieux de la bande originale, électronique, minimaliste, et froide comme un scalpel dénote et séduit. Les lumières, qu'elles soient éblouissantes dans cette salle d'opération filmée comme un cirque ou diffuses et crépusculaires, accompagnent pleinement le récit et la psyché des personnages qui semblent tous se débattre avec leurs démons. Techniquement, rien à redire.
Sur le casting non plus d'ailleurs, Clive Owen en tête, est immense dans le rôle de ce génie toxicomane obnubilé par ses envies de révolutions, de découvertes et de reconnaissances qui vont petit à petit le faire glisser sur une pente dangereuse. Qu'ils soient appréciables ou détestables, chaque personnage a quelque chose d'intéressant à raconter.
La seule ombre au tableau qui est aussi la force de la série, c'est son rythme. En effet, au terme de ces deux saisons, on se dit finalement que cela suffit amplement. Si épisode par épisode, le fait de prendre le temps de voir évoluer les personnages est un plus, les enjeux et les intrigues qui se dessinent timidement ne réussissent jamais à satisfaire autre chose que notre curiosité pour cette époque fidèlement représentée. En résulte un manque d'engouement à enchaîner les épisodes malgré leur qualité.
Bref, si vous ne voulez pas ouvrir un livre d'histoire, The Knick est une bonne alternative, pour peu que le sujet éveille votre curiosité et que son rythme ne vous amène pas jusqu'au point mort. 2 belles saisons qui n'en demandent pas plus.