Il faut reconnaître que cette série partait avec pas mal d'atouts pour plaire à votre serviteur : revenir aux fondamentaux du fantastique, proposer une galerie de personnages incarnant l'âge d'or victorien du genre (ou les « Universal Monsters », ce qui est presque aussi bien), un univers visuel foisonnant et un casting aussi hétéroclite que séduisant emmené par la splendide Eva Green... À ce titre, malgré un léger manque d'incarnation concernant les Forces du Mal, la première saison est une belle réussite : prenante, formellement splendide et dotée d'une dramaturgie très forte, notamment dans la relation entre les différents protagonistes, suscitant ainsi une réelle attente entre chaque épisode et la suite des événements. Malheureusement, le second volet ne va pas être loin de la douche froide : si on y trouve cette fois des antagonistes dignes de ce nom, le récit s'avère souvent poussif et sans envergure, seules quelques scènes et le soin apporté aux décors à comme à la photographie me permettant de suivre avec un minimum d'intérêt. Restait donc à savoir de quel côté allait pencher la série pour son ultime saison : bonne nouvelle, celle-ci renoue bien plus avec ses débuts qu'avec sa suite, tout en ayant l'intelligence de creuser de nouvelles pistes, à l'image de cette séduisante partie
« western »
ou l'arrivée de nouvelles figures mythiques,
le Docteur Jekyll et Dracula en tête
, sans oublier cette belle création qu'est Catriona Hartdegen, interprétée par la flamboyante Perdita Weeks. Un léger manque de densité, parfois, au point de se dire qu'un ou deux épisodes en moins n'auraient pas été dramatiques (ce qui, j'ai l'impression, est de plus en plus souvent le cas avec les séries actuelles), mais une vraie dramaturgie, un « romantisme gothique » de belle facture et quelques sous-intrigues assez fortes, notamment celle autour de Dorian Gray et Lily. Jusqu'à ce dénouement, que certains pourront trouver frustrant (ce qu'il est probablement un peu), mais ne cédant nullement à la facilité et se concluant dans une forme de poésie du plus bel effet
(Wordsworth, ça fait toujours classe)
, offrant une fin (plus ou moins) satisfaisante à chacun, notamment à notre chère Vanessa Ives, figure tragique par excellence. Bref, si tout n'est pas parfait durant ces vingt-sept épisodes, qu'un récit plus dense eut pu amener « Penny Dreadful » vers des cimes extrêmement élevées, celle-ci reste une œuvre à part, renouant élégamment avec un certain classicisme tout en y apportant une puissante identité formelle : la série avait beau s'adresser avant tout à des spectateurs comme moi, cela n'enlève rien à sa réussite globale.