Si l'esthétique et la mise en scène sont typiquement 90's et ont donc un peu vieillies aujourd'hui, difficile en revanche de ne pas être bluffé par l'intelligence du propos et même son aspect très visionnaire. Car il est peu dire que « Profit » est encore plus d'actualité qu'il n'a pu l'être en son temps, le tout avec une vision extrêmement féroce et cynique du « self-made-man ». Ici, c'est simple : si vous voulez réussir le plus vite et le plus efficacement possible, il faut mentir, piéger, tromper, voire même tuer pour l'occasion ! Ce que ne manque pas d'ailleurs de faire Jim Profit, anti-héros par excellence aussi charismatique et complexe que terrifiant. En effet, difficile de ne pas être d'accord avec lui lorsqu'il assène certaines vérités avec un aplomb impressionnant, et même si cela n'est pas facile à entendre, il serait bien hypocrite de prétendre le contraire. Voir un tel personnage héros d'une série télévisée (surtout pour l'époque) a quelque chose de jubilatoire et d'extrêmement corrosif, ce qui n'est évidemment pas pour me déplaire. D'autant que celui-ci n'est pas le seul méchant, plusieurs rapaces de la pire espèce lui donnant leur consentement pour réaliser ses méfaits en tout impunité. Seuls quelques irréductibles intègres résistent tant bien que mal à ce monde sans foi ni loi, ce qu'ils paieront au prix fort tôt ou tard... Impeccable interprétation, où Adrian Pasdar se taille la part du lion, bien soutenu cependant Lisa Zane, Lisa Blount, Keith Szarabajka ou encore Allison Hossack. On pourra simplement regretter des schémas scénaristiques un peu trop identiques d'un épisode à l'autre, mais qu'importe tant leurs déroulements et leurs conclusions sont presque toujours à la hauteur des espérances. Bref, si la série fût un échec retentissant lors de sa diffusion aux Etats-Unis, il y a fort à parier qu'elle serait aujourd'hui un triomphe, et verrait sans le moindre problème cette seconde saison, restée hélas au simple stade de projet.