S'il y a bien un principe vaseux, c'est celui de la prequel. Voilà pourquoi même moi, grand adorateur de "Battlestar Galactica", j'ai marché à reculons vers cette "Caprica". C'était mal connaitre Ronald D. Moore visiblement puisqu'au final, ma découverte de ce « spin off préquelisant » est riche en bonne surprise. D'abord "Caprica" à l'intelligence de ne pas marcher sur les traces de son aînée en développant tout de suite son propre univers, ses propres personnages et sa propre intrigue. A s'étonner presque parfois de voir un élément de l'intrigue ou le nom d'un personnage nous renvoyer vers BSG ! Est-ce à dire qu'un fan de la saga mythique n'est pas sûr de s'y retrouver ? A mon sens certainement pas, car "Caprica" a su finalement conserver les gênes de son prédécesseur sans trop s'attacher aux ressemblances de forme, et c'est là que je trouve que la série fait très fort. Pour moi, les trois éléments qui faisaient que BSG étaient une série de science-fiction hors du commun, c'est qu'elle savait à la fois nous faire regarder l'actualité différemment, qu'elle questionnait en profondeur l’essence humaine, et surtout qu'elle savait le faire avec beaucoup de créativité. Ces trois éléments sont intacts dans "Caprica", la série entend juste explorer les choses selon un autre point de vue. BSG s'intéressait à l'Amérique post-11 septembre, "Caprica" est plus focalisée sur ce que révèle la guerre en Irak du modèle américain, aussi bien sur un plan social, idéologique qu'international. Là encore, cet autre regard conduit à un approfondissement très intéressant sur la nature de l'humain. Je dois d'ailleurs avouer que la manière dont Moore présente la genèse de « l'esprit cylon » m'a autant surpris qu'il m’a captivé, tant elle sait à la fois s’ancrer dans les phénomènes de société du moment qu'elle reste malgré tout dans une lecture universelle et intemporelle. Mais alors, pourquoi se limiter à seulement 2 étoiles me diriez-vous ? Pour quelques détails à dire vrai mais qui, dans l'état actuel des choses, m'ont freiné dans mon plaisir. D'abord la série s'attarde beaucoup sur la question religieuse. Bien qu'elle soit traitée intelligemment et avec recul, j'avoue qu'elle a occupé une place trop importante à mes yeux par rapport aux autres thématiques qui m'intéressaient. Et puis ensuite, il y a un problème qu'on retrouve finalement aussi dans BSG, c'est ce côté « je-pose-seulement-les-choses-et-je-m’en-garde-sous-le-coude-pour-la-suite » de cette saison 1. Dans BSG c'était déjà flagrant et frustrant, tant la seconde partie de la saison 1 multipliait les digressions pour ne pas avancer trop vite... Pour "Caprica" c'est d'autant plus rageant que le projet est aujourd'hui au point mort, et que les chances de voir une saison 2 sont quasiment inexistantes (et cela à cause d'une gestion calamiteuse du projet par Sci-fi, mais bon, c'est un autre sujet...) Du coup, quand on voit le temps perdu dans la saison 1, alors qu'on sent que la série en à dans la chaussette, on se dit « fuck ». Au final donc, le bilan est mitigé. La saison 1 est très prometteuse, mais accouche sur une absence de saison 2. De même, cette seule saison peut suffire à explorer des pistes intéressantes, mais ses détours et ses pertes de temps sont d'autant plus irritants qu'on sait la démarche interrompue. Malgré tout, vous l'aurez compris : même si je n'entends rien vous cacher du sentiment mitigé que vous pourrez ressentir face à cette série, c'est une expérience que je conseille vivement, surtout si vous avez été happé par le vaisseau Galactica...