Très rarement, et même jamais, une série n'avait provoqué, à ce point, la sensation d'un déchirement, le sentiment et la crainte de devoir quitter des personnages que j'ai tant aimés, détestés et qui m'ont troublés. Il m'est difficile de concevoir que je ne verrais plus Adama père & fils, le doc Gaïus, le chef Tyroll, Boomer évidemment, Sam Anders, Caprica-6, Helo ou encore le Colonel Saul Tigh, et que, plus jamais, je ne marcherais à leurs côtés sur le vieux battlestar Galactica.
Tout est là, la force de cette série, c'est surtout l'immersion qu'elle propose, j'ai eu, durant quatre saisons, l'impression d'être aux côtés des personnages, au coeur de leur intimité et de partager la souffrance, le bonheur ou encore les interrogations des uns et des autres. L'aspect émotionnel se met doucement en place, elle prend le temps de bien construire les relations qu'auront les personnages, sachant à la fois surprendre et émouvoir, et pas forcément pour ceux que l'on pensait. Finalement, on retrouve dans BsG tout un côté humain et sur la vie, ce qu'elle vaut, la recherche du bonheur, comment on l'exploite et comment un rien peut influencer un, ou plusieurs, destin. Cet aspect-là surprend, difficile lorsqu'on prend le point de départ (à savoir l'humanité réduite à trouver une nouvelle planète tout en devant faire face à des ennemis puissants) de penser que cette série serait capable de jouer sur autant de tableaux et notamment celui-là.
Si cet aspect-là est très fort, surtout à partir de la troisième saison, BsG propose aussi action, aventure, suspense ou encore réflexion. Assez vite elle sort des sentiers battus, évite toute facilité et surtout écriture caricaturale, notamment vis-à-vis des personnages où les méchants ne sont pas toujours ceux que l'on croit et vice-versa. L'ambiguïté tient tout le long, sur de nombreux personnages et s'accentue au fur et à mesure des épisodes. On se demande qui est qui, est-ce qu'un Cylon représente forcément le mal et le traitement en est tout simplement remarquable, ne commettant aucun excès et sachant viser juste à chaque fois. Le potentiel, aussi immense que cette série est ambitieuse, est parfaitement bien exploité, aidé par une mise en scène sachant justement faire ressortir cette ambiguïté, mais aussi la tension, la puissance, l'émotion et diverses dimensions lors des moments propices, ainsi qu'un sens du rythme et du découpage frôlant (et pas que) la perfection.
Si à un moment vers la seconde saison, j'ai eu un peu peur vis-à-vis de l'aspect religieux, très vite mes doutes ont été dissipé et ça a toujours été bien exploité, important sans entrer dans l'excès mais sachant bien en faire ressortir la pertinence et en tirer diverses facettes. Si BsG relate bien, du moins durant une longue partie de la série, une traque entre Cylon et Humain, elle préfère surtout se concentrer sur la vie en communauté et comment l'Homme fait face et va chercher des solutions. Elle montre plusieurs côtés de la nature humaine, la façon de se réfugier dans la foi, le courage, la peur, la lâcheté ou encore l'entraide, comment ils vont trouver des solutions aux problèmes et s'entendre sur des divergences. Du coup, la série met aussi en avant un aspect plus politique, faisant souvent référence à notre propre histoire, où les luttes de pouvoir, l'ambition et les manipulations, souvent en coulisses, vont être présentes. Enfin, de toute façon elle aborde de nombreux thèmes qu'il serait bien trop long de tous les répertorier et détailler, ils sont toujours très bien amené, sachant se fondre dans la continuité de l'histoire et y apporter une richesse supplémentaire.
L'aspect technique est juste parfait, proposant une vraie immersion dans l'univers avec des trucages et effets spéciaux toujours justes et jamais excessifs. De nombreuses images, et trouvailles, de cet univers sont marquantes tandis qu'elle exploite à merveille la fascination que l'on peut avoir pour les étoiles et l'espace, sachant proposer un vrai voyage au coeur de cette fuite. Et puis, il fait bien évidemment mentionner les acteurs, tous formidables et sachant retranscrire toutes les particularités de leurs personnages, que ce soit le génial Edward James Olmos dans le rôle de Will Adama, James Callis dans celui de Baltar ou encore la magnifique Grace Park malgré la difficulté de son rôle. Chacun a su devenir attachant ou au contraire détestable, avec des sentiments qui peuvent évoluer au fur et à mesure que l'on avance dans la série, mais une chose est sûr, c'est qu'aucun ne laisse indifférent. Maintenant, il ne me reste plus qu'à visionner la version 1978 ainsi que la série dérivée Caprica, avant, et ça c'est sûr, de reprendre ce voyage à zéro et de remonter à bord du Battlestar.
Une fois le voyage commencé avec l'excellent pilote, je ne pensais pas que je deviendrais accro à ce point-là et que Battlestar Galactica me ferait cet effet, sachant jouer sur de nombreux tableaux et ce avec brio, proposant émotion, action, immersion, aventure et fascination pour l'univers. J
Dire que j'ai été pendant tout ce temps à bord du Galactica... en tout cas, ils vont bien me manquer...