Les années 80 et l’apparition du SIDA transformées en une fresque HBO luxueuse, dans un New York aux tons ocres, avec un casting à tomber et Mike Nichols à la réalisation. A l’écriture, Tony Kushner adapte sa propre pièce de théâtre, une sorte de mélo teinté de religion, où les visions et fantasmes des personnages occupent une place de choix. Le résultat est un réalisme magique pas toujours du meilleur goût, mis à distance par un humour et une ironie relativement efficaces (sauf quand la pénible Emma Thompson en fait des tonnes dans le rôle de l’ange), mais encore beaucoup trop imprégné de mysticisme et de premier degré pour mon goût. Côté casting, on n’est pas déçu et, malgré les belles prestations des vétérans Pacino et Streep, ce sont les outsiders qui retiennent l’attention, à commencer par le génial Jeffrey Wright, que j’ai découvert ici, et la merveilleuse Mary Louise Parker, qui rejoint pour moi Kate Beckinsale dans la catégorie des carrières les plus injustement sacrifiées d’Hollywood. Ce qui frappe surtout, c’est la théâtralité de cette adaptation, succession de tableaux entrecoupés d’ellipses, où les situations ont parfois tendance à s’étirer ou à se répéter (on n’échappe pas à quelques ronronnements dans le rythme), pour mieux laisser briller la véritable star du show: les dialogues. On pourra les trouver sur-écrits ou, eux aussi, trop théâtraux, mais cette aisance dans le style, cette précision dans le rythme et cette beauté de la langue m’ont impressionné à chaque épisode et restent pour moi la principale raison de regarder la série. Probablement aussi la principale raison pour laquelle elle a attiré de si grands comédiens. Un regret quand même : le personnage de Patrick Wilson, peut-être le plus attachant et le moins caricatural de tous, est relativement sacrifié par les deux derniers épisodes.