(...) C’est la question qui se pose à la fin de cette saison 11 de N.C.I.S. Enquêtes Spéciales. En effet, sans être catastrophiques, les audiences ont connu aux U.S.A. une baisse sensible cette année, Un profond renouvellement s’impose donc si la série veut arriver aux quatorze saisons atteintes par Urgences.
(...) True Detective, Damages ou même House Of Cards l’ont démontré ces dernières années : le format de 24 épisodes de 42’ en vogue dans les années 80 pourrait bientôt disparaître. Aujourd’hui, faire qu’une série dure sur toute une année scolaire n’est plus une obligation, certains téléspectateurs consomment autrement. Le rapprochement avec le monde du cinéma y est pour quelque chose, entrainant un besoin de liberté dans le choix du format, car on n’impose pas à Martin Scorsese leformat de sa série. Bref, aujourd’hui N.C.I.S. semble sur le point de passer de mode, coincée dans ce modèle d’une série qui revient chaque saison, régulière comme un métronome. S’ils veulent stopper dès maintenant la tendance, sans changer le format, les scénaristes vont devoir écrire autrement des intrigues qui commencent objectivement à être ennuyeuses.
(...) Car N.C.I.S. c’est aussi la routine des scénarios, des épisodes qui se ressemblent souvent car tous construits sur le même modèle : un crime en introduction, suivi d’une enquête pour finir sur la révélation du coupable, qui n’est jamais là où on l’attend. Entre temps on aura eu droit au cadavre, au spectromètre de masse et à la prise d’assaut de la maison du suspect par…quatre agents. N.C.I.S. est toujours une franchise d’excellente qualité, mais qui ressemble trop aux séries d’il y a vingt ans. Pourtant, la saison 9 promettait un tournant, en s’intéressant aux personnages principaux plus que par le passé. On découvrait leurs blessures, leurs sentiments ou leurs aspirations. C’était une idée intéressante, qui n’a duré qu’une saison et malheureusement, a vite été mise de côté.
(...) Car pour la première fois depuis plusieurs saisons, N.C.I.S. s’achève sans le cliffhanger habituel. Cette année pas d’intrigue à cheval sur deux saisons, pas de suspens pour garantir le retour du téléspectateur à la rentrée. Manque d’inspiration ? Manque de volonté ou plutôt volonté de changement ? Seule certitude : il est très difficile de penser à une coïncidence, comme si les scénaristes sentaient le vent tourner et avaient déjà baissé les bras. Pourtant, ces cliffhangers étaient toujours les meilleurs moments des dernières années. Leur absence cette saison fait automatiquement baisser la qualité de cette saison 11.
Enfin, il y a le cas Emily Wickersham, chargée de succéder à Cote De Pablo et qui semble se retrouver face à un mur. Impossible de savoir qui d’elle ou des scénaristes est responsable, mais son personnage peine à s’affirmer, à s’approfondir, a trouver le charisme que possédait Ziva David. Etrange idée alors de lui créer un rôle de geek (créneau déjà occupé par McGee) doublé d’un talent de déduction, car cela pèse tellement peu face à ce qu’était Ziva : son talent pour le combat rapproché, ses flirts avec Tony, l’amour de son pays mais aussi desU.S.A. et ce père directeur du Mossad. C’est pour ça que le personnage de Bishop a un besoin urgent d’épaisseur et de profondeur qui pourrait contribuer à enrayer la chute d’audience.
N.C.I.S. est à un tournant, au moment le plus important depuis sa création. Elle doit s’adapter et suivre le vent ou prendre le risque que les fans aillent voir ailleurs. Les pistes sont peu nombreuses mais efficaces : mettre en place des intrigues « au long cours », peut-être sur une saison entière, prendre le temps de parler de ses héros et faire tout de suite quelque chose pour que Bishop soit autre chose qu’une ravissante blonde à la tête bien pleine. D’autres l’ont fait avant, Le Caméléon, X-Files. Il y a peu, on n’imaginait pas ce qui pourrait arrêter N.C.I.S. dans sa course au succès, maintenant on connait la réponse : la routine.