Le format original du Garçon et la foi de ses créateurs en leur projet l’éloignent de l’anecdote, ouvrant des réflexions vastes et touchantes sur le temps qui passe, le souvenir qu’on laisse derrière soi, ce à quoi se résume une vie, ce qui mérite d’être raconté.
Malgré un manque de personnalité dans une mise en scène tantôt démonstratrice, tantôt elliptique, on s’incline devant l’incarnation de ces femmes asphyxiées, violentées. Et bouleversantes.
La Cache, c’est un récit autobiographique en forme d’ovni, un entre deux mondes qui ne se révèle que progressivement, et doté d’un très beau plan final renvoyant à Chaplin. Oui, Michel Blanc, son comique dépressif et ses fragilités vont vous bouleverser.
Il y a du Pagnol dans cette fresque familiale dont Jonathan Cohen (Roland Perez, plus âgé) accentue avec discernement les tonalités drôles et émouvantes. Le livre d’images semble parfois très propre, embelli par la patine des souvenirs et l’esthétique rétro.
Le problème, c’est qu’en dehors de l’hilarant festival Zadi, le film ne trouve pas son identité. Les caïds ne font guère peur, les armes parlent mais on ne sait pas pourquoi, et ce black micmac fantastique flirte trop avec le folklore. Dommage.
Hommage à la pop culture des 90s saupoudré d’une réflexion sur la coexistence entre humains et intelligence artificielle, The Electric State abandonne son ambition épique pour se concentrer sur un discours convenu et des enjeux peu aboutis.
Ici, le récit se révèle un peu moins limpide, grignoté par ses différents sujets (l’intégration, la maternité, le retour aux origines, voire au pays), eux-mêmes parfois relégués par cette formidable et décapante déconstruction autour de celui « qui a arrêté les Arabes à Poitiers en 732 ». Mais on aurait tort de bouder cette proposition qui interroge l’identité autant que les stéréotypes.
Le miroir avec le monde d’aujourd’hui n’est même pas déformant. Et quel plaisir de voir le réellement formidable Robert Pattinson (The Batman) élargir sa palette artistique et se débattre dans une critique acerbe de cette curieuse époque qui est bel et bien la nôtre.
Enlevez les sarcophages et les momies, et c’est la comédie de boulevard qui prend le dessus. Là où nous aurions souhaité une pétillante comédie d’aventure.
On applaudit la réalisation soignée et les acteurs talentueux. Pourtant, on a du mal à entrer dans l’histoire. Peut-être parce qu’on ne sait sur quel pied danser : thriller social ou érotique ? Ni l’un ni l’autre. La narration est trop lente, la vision de la femme puissante incarnée par Jeanne Balibar a déjà été vue et revue, fruit d’un scénario somme toute dépassé.
Il faut se laisser bercer par cette balade sensitive d’une grande douceur, à laquelle Catherine Deneuve, figure iconique, insuffle un troublant mais presque rassurant parfum de mélancolie. La mort, comme prolongement de la vie.
À partir d’un épisode maintes fois abordé au cinéma et ailleurs, Nils Tavernier (absent de la promo, car sous le coup d’une double accusation de viols) trouve sa singularité dans un huis clos assumé et asphyxiant.
Un bémol : le thème de l’emprise et la bifurcation vers le thriller ne sont pas totalement convaincants. Ce qui l’est en revanche, c’est le croisement des mélodrames, la juxtaposition des potentiels triangles amoureux, la réaction face à la trahison… Avec un casting assez classe, Élodie Bouchez en tête.
On ne doute pas un instant de la sincérité d’Anthony Schatteman. Pour son premier long-métrage, il s’inspire de sa propre expérience de jeune homosexuel dans un petit village de Flandre. Le réalisateur fait cependant trop confiance à son histoire, gentiment émouvante et édifiante.
Montage rythmé. Musique pulsative. Et surtout, l’énergie déployée par Jamel Debbouze ne vient pas alimenter une quelconque farce, mais la chronique absurde, irrémédiable et violente d’un monde fou qui n’a pas besoin du cinéma pour dépasser les frontières du crédible (l’affaire Pogba en témoigne).
En usant du champ-contrechamp et d’une mise en scène sobre, en confiant la progression du récit aux dialogues, en misant essentiellement sur l’engagement et la générosité de ses interprètes, Carine Tardieu (Les Jeunes Amants) s’inscrit dans la tradition d’un cinéma français précis, pensé, pesé. Solide et sans risque.
Œuvre à la fois intimiste et épique jalonnée de séquences au magnétisme sidérant, à ranger pas loin des chefs-d’œuvre sur les fondations de l’Amérique (Cimino, Leone, ou le Paul Thomas Anderson de There Will Be Blood), The Brutalist nous offre aussi, sur plusieurs décennies, une histoire d’amour malmenée et fracassante. Qui nous hante encore.