Tout se trouble, laissant le créateur dans le flou, dans un état liquide, gazeux, qui se traduira, sans que cela apparaisse jamais comme facilité formelle ou rhétorique — le film comme tous ceux d'Hong Sangwoo, coule avec le naturel confondant des œuvres émanant d'une sincérité absolue — en jouant constamment avec le point de netteté de l'image.
Ce qui marque, dans Sinjar, naissance des fantômes, ce sont les témoignages difficilement soutenables de femmes irakiennes de religion yézidie, enlevées par Daech, violées, vendues de main en main comme esclaves sexuelles de 100 jusqu’à 20 000 dollars.
Il ne se passe pas grand-chose à l’écran : plein cadre, dans de jolis décors, de sages comédiens récitent les élégants dialogues qu'elle leur a conçus, quand ce Paradis Paris prétend croiser le destin féroce de quelques Parisiens soumis aux hasards de la mort et de l’amour.
En seulement deux longs métrages, après l'horrifique et électrisant Saint Maud, portrait grinçant d'une illuminée religieuse, Rose Glass s'affirme déjà comme une grande cinéaste des failles en tout genre.
Un format ciné d'autrefois, le format 1.37: 1, un capitalisme d'aujourd'hui, mais à l'ancienne, soubassement vulgaire et violent catégorie - "Nos profits valent mieux que leurs vies" - de l'esbroufe communicante des PDG de multinationales.
Admirateur de Truffaut et de Murakami, Tomohisa Taguchi sait transformer et sublimer une scène importante comme celle de l'aquarium : les protagonistes s'y découvrent davantage et les sentiments se quintessencient au beau milieu de maintes nuances de bleu.
On admire la tenue d’un scénario qui sait jouer avec ses références sans jamais craindre l’ambiguïté ni le sérieux ; on admire de même la qualité d’une image où les lumières (...) et les cadres réussissent à distiller une atmosphère à la fois étrange et singulière.
À travers ce diptyque, c'est la question de la brutalité carcérale et de la torture qui est abordée avec un même dispositif : demander à des victimes de témoigner et surtout de rejouer ce qu'elles ont vécu, mais dans la peau des bourreaux, Tamadon prenant la place des suppliciés.
Une satire filmée comme une sitcom, avec un scénario assez astucieux pour tenir en haleine, un montage qui génère une curiosité ludique, et, surtout, une distribution enjouée qui emprunte avec force clins d’œil les codes de la "comédie de bureau". Un moment agréable.
Résonances et effets de loupe [le film explore] sans fausse pudeur, et aux antipodes du voyeurisme stérile, un univers né d'une âme en peine et de ce qu'autrui a pu lui offrir.
Le recours trop évident à des préoccupations et à des musiques anachroniques déçoit le spectateur qui s’intéresse au parcours d’Élisabeth (remarquable Lilith Grasmug) et qui admire la qualité visuelle du film.
Il s'agit d'une histoire de remariage par un voyage à travers le sensible, qui entérine sans hauts cris l'hypothèse d'une apocalypse inéluctable, comprise comme destin progressif et révélation à assumer.