Akira Kurosawa est élevé dans une famille qui combine traditionalisme et idées les plus modernes. Son père, homme strict et ancien militaire, se trouve à l'origine du développement du kendo, du judo et de l'athlétisme. De plus, celui-ci croit fortement aux vertus pédagogiques du cinéma. Sa jeunesse est marquée par plusieurs épisodes dramatiques qui influenceront le futur cinéaste: le décès de sa plus jeune soeur en 1920 et le grand tremblement de terre du Kanto en 1923. Plusieurs années plus tard, son grand frère qu'il idolâtre véritablement se suicide.
Kurosawa qui a une formation de peintre compte bien réussir dans cette voie. Le hasard l'amène à se présenter à une sélection de la Toho. Il est engagé comme assistant réalisateur. Il fait ses classes auprès de notamment Kajiro Yamamoto qui va devenir son véritable mentor. En 1943, année faste pour la censure, il se lance dans la mise en scène avec La Légende du grand judo.
Très vite, il se démarque des productions habituelles pour des oeuvres empreintes d'un humanisme sincère et par un rejet du cinéma contemplatif prisé par ses compatriotes. Au contraire, il privilégie des personnages complexes embarqués dans des histoires aux ressorts dramatiques intemporels. Sa mise en scène d'une grande inventivité visuelle caractérisée par une précision d'orfèvre se met totalement aux services de l'histoire. Cinéaste à envergure internationale, le public occidental a découvert grâce à lui le cinéma japonais, et asiatique par la même occasion. Il fut ainsi le premier metteur en scène japonais à recevoir une récompense internationale majeure (le Lion d'Or au festival de Venise en 1951 pour Rashomon).
Le succès international des Sept samouraïs en 1954 vient encore renforcer le prestige du réalisateur à l'étranger. On retiendra de ces années une collaboration prolifique avec Toshirô Mifune qui joue dans seize de ses films.A partir des années 70 et de l'échec commercial cinglant de Dodeskaden qui entraîne la faillite de sa société de production, Kurosawa éprouve de plus en plus de mal à faire ses films au Japon. L'Aigle de la Taiga,oscar du meilleur film étranger en 1975, est produit par la société soviétique Mosfilm. Par la suite,il peut alors compter sur ses nombreux admirateurs étrangers : Francis Ford Coppola et George Lucas pour Kagemusha, l'ombre du guerrier en 1980, le producteur français
Serge Silberman pour Ran en 1985 et Steven Spielberg pour Rêves en 1990. Avant de s'éteindre, il tourne en 1993, Madadayo, une dernière oeuvre, véritable hymne au bonheur et hommage pudique et profondément sincère de l'élève Kurosawa à tous ses maîtres : son père, son frère, Yamamoto...