4e génération d’une célèbre famille d’acteurs (dont la lignée a commencé en 1820 et se poursuit aujourd’hui avec Claude et Alexandre Brasseur), Pierre Brasseur est le fils de Germaine Brasseur et de Georges Espinasse. Né le 22 décembre 1905 à Paris sous le nom Pierre Albert Espinasse, il adopte le pseudonyme de sa mère lorsqu’il décide de tenter une carrière de comédien.
Il se forme en prenant des cours d’art dramatique au conservatoire Maubel. Il aura pour enseignants Harry Baur et Fernand Ledoux. A l’âge de 19 ans, il fait ses débuts au théâtre et au cinéma. Son premier film, en 1924, est La Fille de l'eau, sous la direction d’un certain Jean Renoir, dont c’est le premier long métrage ! Le jeune acteur joue dans une trentaine de courts et longs métrages avant de rencontrer Jacques Prévert pour le tournage d’Un Oiseau rare de Richard Pottier en 1935. C’est le début d’une longue collaboration puisque l’acteur, et le poète et scénariste travailleront ensemble sur une dizaine de films. Parmi eux, le célèbre Quai des brumes de Marcel Carné en 1938. Son rôle aux côtés de Jean Gabin et Michèle Morgan contribue à le rendre populaire auprès du grand public. Cette même année, il cosigne le scénario de Grisou avec Marcel Dalio (adapté de la pièce du même nom, également coécrite avec Marcel Dalio).
En 1943, il décroche un rôle mémorable, celui d’un peintre alcoolique, dans Lumiere d'été de Jean Gremillon. Toujours avec Jacques Prévert aux dialogues, le film raconte l’histoire de deux couples qui se déchirent. Puis, sept ans après "Quai des brumes", Brasseur incarne le tonitruant Frédérick Lemaitre dans Les Enfants du paradis, sous la direction de Marcel Carné. Il retrouve le réalisateur pour une 3e fois l’année suivante pour Les Portes de la nuit. En 1949, il donne la réplique à Anouk Aimée et Serge Reggiani dans Les Amants de Vérone d’André Cayatte.
Dans les années 50, il rejoint les castings prestigieux du Plaisir de Max Ophüls et de Napoléon de Sacha Guitry. En 1957, il partage l’affiche de Porte des Lilas avec Georges Brassens qui fait ses débuts au cinéma. Ce film noir de René Clair est une adaptation du roman "La Grande Ceinture" de René Fallet. Cette décennie sera également marquée par son rôle dans Les Grandes Familles de Denys de La Patellière. Adapté du roman de Maurice Druon, le long métrage prend pour point de départ le conflit entre deux cousins (Brasseur et Jean Gabin). Ses dialogues truculents sont signés Michel Audiard.
Brasseur père et fils se donnent la réplique pour la première fois au cinéma dans les années 60 : d’abord dans Les Yeux sans visage de Georges Franju (1960) et Lucky Jo de Michel Deville (1964). Pierre Brasseur tournera au total dans environ 80 films, multipliant les registres et les réalisateurs. Sa carrière au théâtre sera également très prolifique à la fois en tant qu’auteur , comédien et metteur en scène. Son dernier long métrage est La Plus belle soirée de ma vie d’Ettore Scola. Il décède peu avant la fin du tournage le 16 août 1972 à Brunico, en Italie.