Né à Bonghwa, dans le nord de la province Kyungsang, Kim Ki-duk a grandi dans un village situé dans les montagnes. A neuf ans, il déménage avec ses parents à Séoul. Obligé de quitter le lycée après que son frère ait été renvoyé de l'école, la voie semble alors toute tracée pour Kim : école d'agriculture puis travail à l'usine dès 17 ans. D'humeur changeante, il s'engage dans les Marines trois ans plus tard, puis pense à devenir prêtre les deux années suivantes.
Si Kim Ki-duk conserve une certaine constance, c'est dans son amour pour la peinture. Une passion qui date de l'enfance, et qui le pousse en 1990 à quitter son pays pour venir étudier en France. Sur place il vend ses peintures pour survivre et découvre le cinéma. Après deux années d'études d'art plastique (dessin et peinture) à Paris, Kim Ki-duk retourne en Corée en 1994, et y écrit le scénario "Painter and prisoner", grâce auquel il se voit décerner le Prix de la Création par l'Association des Scénaristes. L'année suivante, il remporte le Grand Prix du Scénario, délivré par la Commission du Film Coréen, pour "Illegal crossing".
En 1996, le cinéaste met en scène The crocodile un premier film poétique et violent, au scénario confus, mais laissant apparaître quelques promesses. Wild animals suivra, mais les deux films sortent dans un anonymat quasi total. Il parvient tant bien que mal à monter Birdcage Inn, film plus doux et nostalgique que ses deux précédentes oeuvres. Présent dans différents festivals internationaux, Kim commence à se faire mondialement connaître. La reconnaissance viendra avec son long métrage suivant. En effet, L'Ile connait un grand succès dans les festivals et récolte plusieurs prix.
Cinéaste réputé dans son pays pour ses films étranges, il réalise ensuite Real fiction, film semi-expérimental tourné en moins de quatre heures. Address unknown marque un tournant dans sa carrière. Plus mature et maîtrisé, tant sur la forme que dans le fond, Kim Ki-duk signe une autobiographie filmée touchante. Avec Bad guy, il rencontre son premier succès public. En 2003, Avec Printemps, été, automne, hiver... et printemps, il signe une fiction contemplative d'une intense beauté plastique. Bête de festival, Kim reçoit l'Ours d'argent du meilleur réalisateur l'année suivante pour Samaria, drame poignant sur fond de prostitution des mineures.
Kim Ki-duk compte parmi les réalisateurs les plus marquants de la nouvelle mouvance du cinéma coréen, même s'il est véritablement une personne à part de l'industrie du 7ème art. Il poursuit une carrière avant tout dictée par ses propres aspirations artistiques.
Ainsi, le Coréen sort Locataires en 2005. Tourné dans le propre appartement du cinéaste avec un petit budget, ce drame quasiment sans dialogues est un succès et glane le Lion d'argent du meilleur réalisateur à la Mostra de Venise. Très prolifique, Kim tourne L'Arc la même année, une sorte de triangle amoureux malsain entre un vieil homme, une jeune femme mineure et un jeune homme. Deux ans plus tard, Kim Ki-Duk met en scène Time, l'histoire d'un couple face à l'usure du temps et de la routine. Suit Souffle la même année, drame puissant sur la jalousie. Le film est tourné en dix jours avec un budget de seulement de 300.000 dollars. L'oeuvre est présentée au Festival de Cannes mais en revient bredouille.
En 2010, le metteur en scène se plonge dans les cauchemars dans Dream, drame policier sur fond de somnambulisme. Trois ans plus tard, le Sud-Coréen reçoit le Lion d'Or à Venise pour Pieta, l'histoire d'un homme qui retrouve sa mère qui l'a abandonné et dont la vie va être bouleversée.
Après le drame Moebius en 2013 et le thriller One on One l'année suivante, Kim Ki-duk est de retour en 2017 avec Entre deux rives, un drame politique évoquant les tensions entre les deux Corées à travers les yeux d'un modeste pécheur (retrouvez ici notre interview du réalisateur). Son oeuvre ultime, Din, tournée au Kazakhstan en 2019, est inédite chez nous.
Le cinéaste décède en décembre 2020 du COVID-19, à l'âge de 59 ans.