Jean Rochefort s'est imposé, depuis la moitié des années cinquante, comme l'une des figures les plus populaires du cinéma français. A l'aise dans tous les registres, aussi bien comiques que dramatiques, ce comédien au flegme tout britannique a su séduire de nombreux cinéastes de renom par sa polyvalence et sa passion du métier.
Après un passage au Conservatoire, où il côtoie Jean-Pierre Marielle et Jean-Paul Belmondo, futurs compagnons de jeu (notamment dans Que la fete commence pour le premier et dans Les Tribulations d'un chinois en Chine pour le second), Jean Rochefort effectue de modestes débuts dans Rencontre à Paris, en 1956. Il se lance alors dans une carrière d'abord axée vers le registre historique, comme en témoigne sa prestation dans Le Masque de fer, ou encore dramatique, avec La Porteuse de pain. Durant une dizaine d'années, le comédien est également attiré par les films d'aventures : il s'illustre aux côtés de Michèle Mercier dans Angélique marquise des anges et ses suites, et joue dans Cartouche de Philippe de Broca.
C'est au début des années 70 que Jean Rochefort se spécialise dans la comédie. Côtoyant de grands cinéastes populaires tels de Broca ou Yves Robert, il joue les séducteurs raffinés dans Le Cavaleur, puis devient très populaire avec Un elephant, ca trompe enormement et sa suite, Nous irons tous au paradis. En 1976, il obtient le César du Meilleur second rôle pour Que la fête commence. Un an plus tard, l'acteur fait une parenthèse dans son parcours comique avec le drame Le Crabe tambour, expérience à nouveau couronnée de succès, puisque son rôle lui rapporte le César du Meilleur acteur.
Comédien hyper-actif salué par la profession, Jean Rochefort frappe à toutes les portes, s'engage dans toutes les voies de la comédie. S'il poursuit son trajet comique, allant jusqu'à mettre en vedette son trait physique le plus évident avec Le Moustachu, ce fils de boulanger n'en joue pas moins la carte de la diversité. Film policier avec Il faut tuer Birgit Haas, drame avec Je suis le seigneur du chateau ou même comédie horrifique avec Frankenstein 90, Jean Rochefort touche à tout.
A l'orée des années 90, l'activité du comédien se révèle toujours aussi intense. Il poursuit son histoire d'amour avec Yves Robert (Le Bal des casse-pieds en 1992) et entame une collaboration fructueuse avec Patrice Leconte, pour lequel il tourne Le Mari de la coiffeuse, Tango et Ridicule. Cible emouvante et Les Grands Ducs (également signé Leconte) permettent enfin à Rochefort de livrer des prestations sensibles dans lesquelles s'engage une réflexion sur le poids de l'âge. Un âge qui ne l'empêche pas de régulièrement se remettre en question et d'oser à tout-va : il est un PDG confronté à l'homosexualité de l'un de ses salariés dans Le Placard de Francis Veber et incarne un Mazarin fourbe et jouisseur dans Blanche de Bernie Bonvoisin. En 2004, il prête même son inimitable timbre de voix au robot Bigweld du film d'animation Robots.
Plus les années passent, plus Jean Rochefort s'acoquine avec la jeune garde du cinéma français. N'hésitant jamais à se moquer de lui-même, il est ainsi à l'affiche de la comédie préhistorique RRRrrrr !!! (2004), écrite par la troupe des Robins des Bois, puis joue pour Edouard Baer dans le déjanté Akoibon (2005). Fin 2006, il est à l'affiche du thriller Ne le dis à personne de Guillaume Canet et tient la vedette de la comédie romantique Désaccord parfait d'Antoine de Caunes, qui le voit donner la réplique à Charlotte Rampling.
Fidèle à sa réputation, Jean Rochefort continue de surprendre en choisissant des projets aussi divers qu’ambitieux. Il apparaît en 2007 dans J'ai toujours rêvé d'être un gangster, film en noir et blanc atypique de Samuel Benchetrit, et s’amuse dans le non moins décalé Agathe Cléry d’Étienne Chatiliez, en patron de Valérie Lemercier. Après une apparition dans le film familial Astérix et Obélix : au service de Sa Majesté en 2012, Jean Rochefort change de registre l'année suivante en campant le sculpteur Marc Cros, personnage principal de L'Artiste et son modèle, dans lequel il donne la réplique à Claudia Cardinale.
Ces dernières années, l'artiste de 86 ans se consacre notamment à un travail de doublage de films d'animation, comme Jack et la mécanique du coeur ou Avril et le monde truqué. Le facétieux comédien s'illustre également sur Internet avec des pastilles humoristiques, Les Boloss des Belles Lettres, où il présente des oeuvres de la littérature classique dans un langage ultra vivant et dans une interprétation en roue libre. Le comédien a aussi incarné un homme atteint de la maladie d'Alzheimer en conflit avec sa fille incarnée par Sandrine Kiberlain dans Floride, sorti en 2015.