Charlotte Silvera commence sa carrière dans le documentaire vidéo ; avec sa caméra, elle s’immisce aussi bien dans les luttes du MLF qu’auprès d’exilés argentins dans leur combat contre la dictature de Videla, et surtout aux côtés des dissidents soviétiques qui ont pu fuir l’URSS, en 1980.
Elle réalise son premier long-métrage, Louise... l’insoumise . L’école et la télévision donnent à Louise, le souffle de liberté que la religion juive et ses pratiques contraignantes briment. Aujourd’hui, plus de 30 ans après, ce sont les fillettes de la 3ème génération d’immigré.e.s qui s’identifient à elle.
Puis, Charlotte Silvera s’attaque à la détention des femmes de droit commun dans Prisonnières, restituant l’univers étouffant de la Centrale de Rennes. Premier film choral avec des comédiennes dans d’étonnants contre-emplois que la musique de Michel Portal illumine.
Outrée par la politique du " SMIC au rabais proposée aux jeunes à la fin des années 90, elle signe C’est la tangente que je préfère. Dans le terreau du quart-monde du Nord de la France, a poussé une adolescente surdouée en maths et qui monnaye tous ses talents. Tous les inspecteurs de maths de France ont salué ce film pour sa pédagogie, sa capacité́ à rendre ludique cette science.
Dans Les filles, personne s’en méfie, Charlotte Silvera crée une dérive dans Paris, comme l’a dépeinte Etienne Roda-Gil dans la chanson du film. Clin d’œil aux situationnistes et véritable ode au cinéma, interprétée par deux fillettes à la recherche d’une équipe de tournage.
Ensuite viendra Escalade, un huis clos oppressant parfois comparé à La Corde d’Alfred Hitchcock. Ici, ce ne sont pas des jeunes immigrés, blacks, beurs, banlieusards qui kidnappent leur proviseure mais bien nos "chères têtes blondes", et l’étrangère c’est elle.
En 2018, elle entreprend la production et la réalisation d’un long-métrage documentaire et musical On l’appelait Roda avec la volonté́ de laisser une trace pérenne d'Etienne Roda-Gil et de son œuvre.
Aujourd’hui, elle signe Lettre à l’enfant que tu nous as donné, un documentaire de création dont le titre même indique qu’il cherche à renforcer et protéger le lien entre les jeunes et leurs parents ou grand-parents. Il encourage la nouvelle génération à prendre conscience des apports de leurs aîné.e.s et à mesurer ce qu'il reste encore à faire pour bâtir et préserver notre démocratie.
Véritable mosaïque d’images : archives, animation, fiction, graphisme, chorégraphie... Tous ses films sont intemporels et touchent par leur sujet à l’universel. Charlotte Silvera continue à exercer son métier fidèle à ses engagements et à sa soif de transmettre aux jeunes une vision sans peur du monde.