Très tôt Lucie Madeleine Renaud se rêve indépendante. Issue d’une famille bourgeoise, la jeune fille écrit, à 11 ans, son premier roman d’amour et se voit journaliste. A 15 ans elle créé des chapeaux qu’elle vend aux domestiques de sa famille afin d’être libre de ses dépenses. Son envie d’indépendance et son amour pour les lettres la poussent à devenir comédienne. Reçue première au Conservatoire, elle entre, en 1921, à la Comédie Française dont elle sera la 374ème sociétaire de 1928 à 1945. Elle fait ses premiers pas sur les planches dans des rôles de jeune première et d’ingénue. En 1923, elle tourne dans le film muet Le Vent debout de Rene Leprince, la même année elle épouse un de ses professeurs, le comédien Charles Granval, dont elle aura un fils (Jean-Pierre Granval). Au début des années 30 et l’avènement du cinéma parlant, la comédienne décroche plusieurs rôles sur grand écran. En 1930 elle incarne Marceline, l’épouse adultère de René Lefèvre dans Jean de la Lune de Jean Choux et enchaîne trois longs métrages sous la direction de Harry Lachman (Mistigri, Le couturière de Lunéville, La belle marinière) avant de tourner sous la direction deMaurice Tourneur (Le Voleur) et Curtis Bernhardt (Le Tunnel). En 1934 elle est la Maria Chapdelaine de Julien Duvivier et tourne aux côtés de Pierre Blanchar et Raimu dans L' Etrange Monsieur Victor de Jean Gremillon, avec lequel elle collaborera à quatre reprises (Remorques (1941), Lumiere d'été (1943) et Le ciel est à vous (1944)). Poursuivant toujours brillamment sa carrière sur les planches elle accède à des rôles de jeunes coquettes.
C’est lors du tournage d’Hélène de Jean Benoit-Levy en 1936, que Madeleine Renaud fait la rencontre du comédien Jean-Louis Barrault, de dix ans son cadet. Elle divorce de Charles Granval et épouse, en 1940, le comédien avec qui elle forme le couple de théâtre le plus célèbre. Durant l’occupation Madeleine Renaud tourne dans quatre films et se consacre surtout au théâtre. En 1945, elle quitte avec fracas la Comédie Française, Jean-Louis Barrault la suit et le couple monte la Compagnie Renaud-Barrault, installée au Théâtre Marigny (jusqu’en 1954 où la compagnie s’installe dans le théâtre le Petit Marigny). Ils engagent, entre autres, Pierre Bertin, Georges Le Roy, Jean Desailly, Marie-Hélène Dasté, Pierre Renoir ou encore Simone Valère. En 1951, elle est Julia Tellier dans le sketch La Maison Tellier du film Le Plaisir de Max Ophüls, mais ses apparitions au cinéma se font de plus en plus rares. Elle apparait néanmoins aux côtés de son époux dans Le Jour le plus long en 1962 et incarne, en 1969, la marquise du Diable par la queue de Philippe de Broca, où elle donne la réplique à Yves Montand, Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle et Maria Schell. Grande amie de Marguerite Duras, dont elle a interprété la plupart des pièces, elle tourne, en 1976, dans l’adaptation cinématographique de la pièce Des journées entières dans les arbres, où elle reprend le rôle qu’elle tenait au théâtre en 1965. Elle ne joue ensuite, que dans des adaptations de pièces pour la télévision, ou ne tient que des seconds rôles sur grand écran. (Harold et Maude de Jean-Paul Carrère, Le Soulier de satin de Alexandre Tarta ou encore La Lumière du lac de Francesca Comencini). En 1990, elle reprend pour la dernière fois, son rôle de Winnie dans l'adaptation de la pièce de Samuel Beckett, Oh ! Les beaux jours, cette adaptation télévisée marquera sa dernière prestation à l'écran. Madeleine Renaud décède le 23 septembre 1994 à Paris, sept mois après le décès de son époux et complice Jean-Louis Barrault.
Biographie rédigée par Laëtitia Forhan