Chantal Akerman est issue d'une famille de juifs émigrés d'Europe centrale dans les années 30. Ses grands-parents et sa mère ont été déportés à Auschwitz. La vision de Pierrot le Fou est une révélation. Elle s'inscrit alors à l'INSAS (Institut supérieur des Arts, du Spectacle et des Techniques de Diffusion). Après un premier court métrage, elle émigre à New York, où elle se passionne pour le cinéma expérimental de l'Américain Jonas Mekas et du Canadien Michael Snow, dont l'influence est perceptible dans les premières réalisations de la cinéaste. Sur place, elle réalise un court métrage et s'essaie au format long (Hotel Monterey, consacré à un hôtel pour nécessiteux de New York). Puis, Chantal Akerman revient en France et se consacre pleinement au cinéma.
Ecrit, réalisé et interprété par Akerman, Je, tu, il, elle (1974) est un film radical, rejetant l'effet, auquel elle préfère le plan fixe, la lenteur extrême et le monologue intérieur. La critique remarque son troisième long métrage, Jeanne Dielman 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles (1975), qui confirme les tendances de la réalisatrice. Pendant près de 3h30, elle distord les durées et réduit le dialogue au minimum. Le film, qui traite de la vie d'une prostituée occasionnelle, marque sa rencontre avec Delphine Seyrig, une comédienne qu'elle retrouve à trois reprises, notamment pour la comédie musicale Golden Eighties (1986).
Tout en poursuivant ses expériences dans des documentaires expérimentaux (News from Home), Chantal Akerman réalise son film le plus académique, Les Rendez-vous d'Anna (1978), avec Aurore Clément dans le rôle principal. Même si la forme diffère, les thèmes chers à la réalisatrice demeurent : l'errance et la quête des origines. Akerman attend 1996 et Un divan à New York (avec William Hurt et Juliette Binoche) pour aborder à nouveau un cinéma plus commercial.
Alternant documentaires (Un jour Pina a demande Pina Bausch, D'Est, Sud, De l'autre côté), et films de fiction (Toute une nuit, Nuit et Jour), la cinéaste belge mène une carrière entre la France et les Etats-Unis, où elle réalise, en 1988, Histoires d'Amérique, une série de témoignages sur l'émigration juive aux Etats-Unis. En 2000, elle adapte librement La Prisonnière de Marcel Proust avec La Captive, qui réunit Stanislas Mehrar et Sylvie Testud. Après le documentaire De l'autre côté et la comédie dramatique Demain on déménage, l'exigeante Chantal Akerman signe, en 2006, Là-bas, un documentaire sur Israël. Quelque temps après, elle redirige Stanislas Mehrar dans La Folie Almayer (2011), librement adapté d'un roman de Joseph Conrad.