Afin de surmonter sa timidité, Linda Gray monte sur les planches - celles des théâtres autant que celles des podiums de défilés. Sa plastique de rêve lui ouvre ensuite les portes du cinéma : en 1967, la jeune fille est sollicitée afin de dévoiler ses jambes sur l’affiche ainsi que dans quelques plans du Lauréat, en lieu et place de l’actrice Anne Bancroft, inoubliable Mrs. Robinson. Le succès du film permet à la débutante d’apparaître sur le petit écran, avant d’obtenir un second rôle en 1976, dans le film d’horreur Les Chiens fous. L’année suivante, la comédienne en herbe se fait remarquer pour son interprétation de Linda Murkland, premier personnage régulier transgenre à la télévision américaine, dans All That Glitters. Cette sitcom parodique, qui inverse les stéréotypes masculins/féminins, est néanmoins annulée au bout de trois mois. Après avoir prêté ses traits à l’épouse suspecte de David Hedison dans le téléfilm Murder in Peyton Place, Linda Gray est véritablement propulsée sur le devant de la scène en 1978, grâce à Dallas. La popularité de son personnage - Sue Ellen, l’épouse alcoolique de J.R. Ewing (Larry Hagman) - lui permet de gagner en intersité et rester au générique durant dix ans. Le feuilleton devient un tel phénomène qu’elle s’assure ainsi une notoriété internationale. En outre, le show lui vaut d’être nommée aux Emmys, ainsi qu’à deux reprises aux Golden Globes dans la catégorie Meilleure actrice. Ambitieuse, Linda Gray aspire à d’autres expériences professionnelles. Alors que Dallas entame sa huitième saison, cette dernière se heurte au refus catégorique et à la menace de licenciement de la production, face à son désir de réaliser certains épisodes. Grâce au soutien de son partenaire et ami Larry Hagman, la comédienne obtient gain de cause et passe ponctuellement derrière la caméra durant les saisons suivantes. Par ailleurs, elle s’essaye au doublage pour Pinocchio and the Emperor of the Night.
Malgré son départ de Dallas en 1989, Linda Gray rejoint l’ensemble de la distribution lors de l’épisode final du show, trois ans plus tard. Suite à l’échec critique de L’embrouille est dans le sac, la comédienne entame sa première collaboration avec Paul Schneider avec The Entertainers ; réalisateur qu’elle retrouve dès 1992, pour Highway Heartbreaker. S’ensuivent des rôles de femme en quête de vengeance, dans les téléfilms Seule contre l’injustice, Pacte criminel ou encore Moment of Truth: Broken Pledges dont elle est également co-productrice. En 1994, sa récurrence dans la deuxième saison de Melrose Place, dans la peau de la propriétaire d’une agence de mannequinat Hillary Michaels, permet de lancer le spin-off Models Inc., dont l’actrice est la vedette. Toutefois, celui-ci ne dure qu’une saison, faute d’audiences. Entre deux téléfilms dérivés du show qui l’a fait connaître (Dallas: Le retour de J.R. et La guerre des Ewing), Linda Gray tourne à nouveau sous la direction de Paul Schneider dans Menaces sur le berceau. Au début des années 2000, la comédienne se tourne vers le théâtre, incarnant notamment Mrs. Robinson dans l’adaptation scénique du Lauréat, à Londres. Outre des apparitions dans Amour, gloire et beauté ou encore 90210 Beverly Hills - Nouvelle génération, elle participe au court-métrage Reflections of Life, salué par la critique, abordant le cancer du sein dont est notamment décédée sa soeur cadette. En 2012, le public la retrouve avec plaisir dans son rôle emblématique de Sue Ellen durant les trois saisons de Dallas, une suite se déroulant 20 ans après les événements de la série originale. Linda Gray se distingue ensuite dans le pilote de la websérie Winterthorne, ainsi que par sa prestation, dans la peau d’une aristocrate excentrique, dans le court-métrage Wally’s Will. En 2017, suite au désistement de Faye Dunaway, l’actrice interprète brièvement la tante de Pernell Harris (Ron Perlman), dans la deuxième saison de la série d’Amazon, Hand of God.
Lucie Peronne