En 1988, Pierre Carles obtient son diplôme de journaliste-reporter d'images (JRI) à l'IUT de Bordeaux. Peu après, il est embauché à Télé Lyon Métropole. Mais il est renvoyé après avoir mis en boîte un patron local dans un de ses sujets...
Après un passage à L'Assiette anglaise de Bernard Rapp, et à Tranches de cake, où il expérimente un style proche de celui de Jean-Yves Lafesse (harcèlement d'hommes politiques, visites sans-gêne et pinailleuses d'appartements de vedettes), il se retrouve chroniqueur chez Christophe Dechavanne sur TF1, d'où il se fait licencier en 1992 après s'être moqué de Jean Bertolino ("52 sur la Une") et de Jean-Pierre Foucault ("Sacrée Soirée") à l'antenne.
Écarté de la télévision, Pierre Carles va désormais attaquer le système de l'extérieur, en réalisant par exemple un film sur la vraie-fausse interview de Fidel Castro par PPDA. Le film devait être diffusé sur France 2, mais Hervé Bourges, le PDG de l'époque, refuse sa diffusion pour "des raisons confraternelles". Dès lors, Carles travaille pour Strip-Tease, l'émission qui "déshabille", et pour laquelle il réalise une dizaine de sujets. Et pas seulement sur les médias (un portrait du chauffeur de Chirac, la directrice de la maison de retraite de feu Jeanne Calment...).
En 1995, Pierre Carles réalise le documentaire Pas vu à la télé pour Canal Plus sur la connivence entre médias et hommes politiques. De ce projet jamais diffusé, il tire un film qui sort sur grand écran en 1998 sous le titre Pas vu pas pris. En 2001, il présente La Sociologie est un sport de combat sur le philosophe Pierre Bourdieu, puis Enfin pris ? un an plus tard, qui fait la synthèse de ses deux premiers longs métrages.
En 2003, le journaliste s'attaque à l'emploi, avec le documentaire Attention danger travail, où, à travers des entretiens avec des personnes au chômage, il montre que ne pas travailler ne représente pas forcément un inconvénient. En 2007, le réalisateur poursuit son exploration du monde du travail avec le documentaire Volem rien foutre al pais, dans lequel il critique le système qui, selon lui, abolit massivement le travail tout en continuant à le présenter comme "norme et fondement irremplaçable de notre dignité". Deux ans plus tard, il co-signe avec Eric Martin un film-hommage au Professeur Choron intitulé Choron dernière, avant de retrouver son sujet de prédilection, les médias, dans Fin de concession (2010).