Yves Jacques commence sa carrière à la télévision québécoise ; ses imitations des plus grandes figures de la politique canadienne sont des classiques et lui valent de nombreux Gemini Awards (prix remis pour les productions télévisuelles anglophones produites au Canada.)
Ces prestations lui ouvrent les portes du grand écran. Yves Jacques tourne son premier long métrage en 1982 avec Les yeux rouges sous la direction d'Yves Simoneau. Cette première expérience lui permet de rencontrer le metteur en scène canadien Denys Arcand avec lequel il tourne Le Crime d'Ovide Plouffe en 1984. Arcand lui offre ensuite un des premiers rôles dans la comédie dramatique Le Déclin de l'empire américain, sortie en 1987. Jacques y interprète Claude, un professeur d'université homosexuel. Le film, présenté au Festival de Cannes 1986 et nommé pour le meilleur film étranger aux Oscars en 1987, rencontre un grand succès critique et commercial.
Dans la foulée de ce succès, Yves Jacques tourne une nouvelle fois avec Denys Arcand. Jesus de Montreal est leur troisième collaboration et sort en 1989. Le film reçoit le Prix du jury à Cannes la même année. Espèce de transposition moderne de la Passion du Christ, Jésus de Montréal propulse Arcand au rang de grand metteur en scène et lance définitivement Yves Jacques, très remarqué dans son rôle d'avocat avide défendant le Diable.
Le comédien est alors suivi par les cinéastes d'outre-Atlantique. Yves Jacques commence sa carrière internationale en tournant dans le drame intitulé Milena (1991) de la Française Véra Belmont, et donne la réplique à Valérie Kaprisky et à Stacy Keach. En parallèle de cette carrière cinématographique, Jacques continue de tourner pour la télévision canadienne, ainsi qu'au théâtre. L'acteur reçoit d'ailleurs un Gemini Award du meilleur acteur en 1994 pour son rôle dans l'adaptation télévisée des Fourberies de Scapin de Molière.
En 1997, Jacques tourne dans la comédie loufoque de Christophe Smith, Michael Kael contre la World News Company, et partage l'affiche avec le populaire Benoît Delépine. Le film est malheureusement un échec commercial. Toutefois, c'est après ce film qu'Yves Jacques rencontre Claude Miller, qui deviendra son ami. Le Français ne tarit pas d'éloges au sujet du comédien québécois : "Yves Jacques est l’un des plus grands acteurs du monde, c’est une grande vedette au Québec. Pour moi, il est une espèce d’Alec Guinness ou de Peter Sellers d’aujourd’hui, ou de Geoffrey Rush. Sa culture d’acteur anglo-saxonne est merveilleuse, il est capable de passer du drame à la comédie avec un grand sens du rythme, de la musique", s'enthousiasme Claude Miller. Les deux hommes collaborent pour la première fois en 1998 sur le drame La Classe de neige. Ils tourneront ensemble à six autres reprises dans La Chambre des Magiciennes en 2000, Betty Fisher et autres histoires en 2001, La Petite Lili (2002), Un secret (2007), Voyez comme ils dansent (2009) et ce qui restera le dernier film de Miller, Thérèse Desqueyroux en 2012.
Yves Jacques reprend également sa collaboration avec Denys Arcand en 2002 pour tourner Les invasions barbares, suite du Déclin de l'empire américain. Le film reprend les mêmes personnages du premier film, ajoutés à d'autres issus de Jésus de Montréal. Le long métrage est un immense succès critique et commercial. Il reçoit le Prix du scénario et le Prix d'interprétation féminine pour Marie-Josée Croze à Cannes en 2003, les César du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur scénario ainsi que l'Oscar du meilleur film étranger en 2003.
Ces succès permettent à Yves Jacques de tourner pour Martin Scorsese en 2004 dans le film Aviator aux côtés de Leonardo DiCaprio, où le Québécois joue le rôle d'un serveur. La France reste cependant son terrain de jeu privilégié. L'acteur tourne ainsi dans la première saison de la série TV Mafiosa en 2007 et joue chez les réalisateurs français les plus populaires. On le voit par exemple dans La Veuve de Saint-Pierre de Patrice Leconte (1999), Je préfère qu'on reste amis... d'Eric Toledano et Olivier Nakache (2004) avec Gérard Depardieu, ou dans Désaccord parfait (2006) d'Antoine de Caunes aux côtés de Jean Rochefort et de Charlotte Rampling.
2012 est une grande année pour Yves Jacques ; le comédien campe ainsi le Cardinal de Mirail dans la série TV Inquisitio. Par ailleurs, il a de nouveau rendez-vous à Cannes avec le film de Xavier Dolan sur l'alter-sexualité, Laurence Anyways, joue l'avocat de Thérèse Desqueyroux dans le dernier film de son ami Claude Miller et le psychiatre de César (Fabrice Luchini) dans le dernier volet des aventures d'Astérix et Obélix, réalisé par Laurent Tirard.
Auteur : Vincent Formica