Issu d’une famille de comédiens, Ricardo Darin commence sa carrière sur les planches à l’âge de dix ans et apparait au cinéma à douze ans. Il fait ses classes en alternant les films pour la télévision argentine et des rôles de jeune premier dans des soaps comme La Playa del amor (1980) ou La Discoteca del amor (inédits). Il change de registre le temps de quelques drames sans relief : La Rosales (1984), Te amo (1986), puis joue dans une coproduction française Les Longs manteaux, avec Bernard Giraudeau, géologue qui s’oppose à un groupe terroriste.
Darin obtient la reconnaissance populaire grâce à son rôle de beau-frère insupportable et ingérable dans la série Mi Cuñado, qui dura de 1993 à 1996. Parallèlement, il continue le théâtre avec des pièces comme Extraña Pareja, Taxi ou Art. Une fois la série terminée, il retourne au grand écran pour explorer de nouveaux thèmes : le thriller avec Perdido por perdido (inédit), le drame Le Phare, qui obtient un bon succès critique, et surtout, deux films qui lui vaudront le Condor d’argent du meilleur acteur, décerné par la Argentinean Film Critics Association Awards. Le premier, El Mismo amor, la misma lluvia (1999) est une comédie sentimentale, le second un polar réalisé par Fabián Bielinsky Les Neuf Reines (2000), dans lequel, avec son complice joué par Gaston Pauls, il escroque un philatéliste en tentant de lui revendre « Les neuf reines », une rare série de timbres.
Ces prestations sont saluées par la critique deux années d’affilées, et Ricardo Darin peut se permettre des rôles plus consistants qu’à ses débuts. Son visage s’est durci, son nez aquilin et sa barbe de trois jours lui donnent un air sévère de "latino-macho" Cette transformation physique le voit camper des personnages différents, plus tourmentés, comme ce fils qui vit dans l’ombre de son père dans Le Fils de la mariée, un film nommé aux Oscars. Il est également un détenu qui tente de s’évader du pénitencier de Buenos Aires dans La Fuga (2001).
Pendant trois ans, Darin va continuer à tourner en Argentine alternant drame (Kamchatka), comédies dramatiques (Luna de Avellaneda) ou polar (El Aura). Dans ce dernier, il retrouve le réalisateur Fabián Bielinsky dont El Aura sera le dernier film. Son incarnation d’un taxidermiste qui planifie le crime parfait fait froid dans le dos, et il gagne une fois encore le Condor d’Argent. N’oubliant pas ses premières passions, il repart en tournée théâtrale en 2005 avec la pièce Art, qu’il avait joué dix ans auparavant. Après un drame sur une adolescente hermaphrodite, XXY, Ricardo Darin va s’essayer à la réalisation.
Son film, Le Signal, co-réalisé par Martin Hodara, est ancré dans un contexte politique particulier : les derniers jours de la vie d’Eva Peron, première dame d’Argentine, à travers un duo de détectives de bas étages propulsés dans une histoire de corruption impliquant la Mafia. Darin réalise et joue un des policiers. Après cette tentative, il lâche la caméra et retourne devant pour jouer le père d’une jeune névrotique dans Amorosa Soledad. Il retrouve ensuite pour la quatrième fois le réalisateur Juan José Campanella, pour jouer en toute sobriété et subtilité le personnage principal de Dans ses yeux, un mélodrame historique qui reçut l’Oscar du meilleur film. Après un rôle d’ancien braqueur qui veut se ranger pour El baile de la victoria (2009), il joue un avocat sans scrupules dans Carancho (2010).
En 2013 il tient le rôle d'un religieux dans le film de Pablo Trapero, Elefante Blanco et donne la réplique à Jérémie Renier. L'année suivante il incarne un spécialiste du droit pénal, convaincu que l'un de ses meilleurs élèves est l'auteur d'un meurtre brutal dans le thriller Hipótesis. Deux ans plus tard, Ricardo brille dans Les Nouveaux Sauvages, un décapant films à sketches.
Il s'illustre ensuite dans la comédie dramatique Truman et le thriller Koblic. Darin y campe un ancien pilote et capitaine de la Marine argentine, Tomas Koblic. Ce dernier s’enfuit après avoir désobéi à un ordre de l‘armée soumise à la dictature. Caché dans une petite ville du sud du pays, sa présence attire l’attention du maréchal local d’une autorité abusive et sans scrupules. En 2017, le comédien se glisse dans le costume du président argentin Hernán Blanco dans le thriller politique El Presidente, mis en scène par Santiago Mitre.