A l'âge de 14 ans, la jeune Catherine Rouvel prend des cours de danse, mais les abandonne au profit des études en arts dramatiques à l'Institut Cinématographique de Marseille. En privilégiant le théâtre, qui sera toujours son art de prédilection, elle fonde la troupe Théâtre Quotidien à Marseille avec entre autres Marie-France Boyer. La comédienne joue surtout dans des pièces de Molière, comme George Dandin et Les Fourberies de Scapin.

Elle débute au cinéma avec de courtes apparitions dans Honoré de Marseille (1956) de Maurice Regamey et dans Le Naïf aux quarante enfants de Philippe Agostini (1957), avant d'être repérée par Jean Renoir, en quête d'une actrice pour jouer la sensuelle Nénette du Déjeuner sur l'herbe (1959). Ce rôle "de fille" très peu vêtue la rend populaire et lui permet de décrocher d'autres rôles, souvent ceux de femmes faciles. Elle côtoie désormais les plus grands acteurs français comme Jean Sorel (Chair de poule, 1963), Catherine Deneuve et Michel Piccoli (Benjamin ou les mémoires d'un puceau, 1968), ou encore Alain Delon et Jean-Paul Belmondo (Borsalino, 1970).

Malgré la popularité croissante au cinéma, la comédienne privilégie le théâtre, jouant dans des adaptations de Marcel Pagnol (Marius en 1964, Fanny en 1969), de Jacques Audiberti (La fête noire en 1966) et de Fedor Dostoievski (Les Frères Karamazov en 1972). Elle fait tout de même des apparitions dans quelques téléfilms, comme Woyzeck (1964) de Marcel Bluwal, dont le rôle de femme commettant un adultère attire l'attention du public à son talent dramatique.

Elle enchaîne alors les feuilletons qui la rendent très populaire. L'éducation sentimentale (1971), Les rois maudits (id.), Le tourbillon des jours (1972) et Les chevaux du soleil (1979) figurent parmi ses interprétations les plus marquantes. A l'étranger, les télévisions anglaise et suisse l'invitent à jouer dans les séries Clochemerle (1971) et La confession (1980). Au cinéma, elle tourne avec des réalisateurs prestigieux, comme Claude Chabrol (La Rupture, 1970) et Marcel Carné (Les Assassins de l'ordre, 1971).

Dans les années 1980, l'actrice joue dans pas moins de 15 téléfilms et séries, ses rares apparitions au cinéma étant notamment le drame Louise l'insoumise (1985), Fuegos (1987) et De sable et de sang (1988), aux côtés d'André Dussolier et de Clémentine Célarié. Le début des années 1990 lui est particulièrement fertile, avec plusieurs rôles au théâtre (et une nomination au prix Molière pour sa prestation dans Eurydice). Elle regagne la scène marseillaise avec près d'une dizaine de pièces différentes.

Elle trouve tout de même du temps pour le cinéma en jouant une des grand-mères dans Les Mamies (1992), aux côtés de Danielle Darrieux ; Va savoir (1995), où elle est dirigée par Jacques Rivette, en plus du téléfilm Notes sur le rire (1999), une commande spéciale de Jacqueline Pagnol, qui tenait à voir Rouvel intégrer cet hommage à Marcel Pagnol. Se faisant de plus en plus rare au cinéma et au théâtre, elle peut être vue dans la pièce N'écoutez pas mesdames (2006) sous la direction de Sacha Guitry, en plus de tourner au cinéma avec Arnaud Desplechin dans Rois & reine (2003). En 2011, elle partage la scène avec une autre grande actrice française, Françoise Arnoul, dans le drame Beau rivage.

Auteur : Bruno Carmelo