Kiyoshi Kurosawa naît le 19 Juillet 1955 à Kōbe. Après une enfance influencée par les films de Don Siegel, Sam Peckinpah, Richard Fleischer ou encore Robert Aldrich, il passe ses années lycées devant ceux de Federico Fellini et de Jean-Luc Godard, avant d'user les bancs de l'Université de Sociologie de Rikkyô, à Tokyo.
Cinéaste phare d'une nouvelle génération succédant à "la nouvelle vague japonaise", il a fait ses débuts derrière la caméra en réalisant une dizaine de petits films 8 mm, de 1974 à 1983. Influencées à la fois par le cinéma hollywoodien des années 70 et par sa vie de tous les jours, ses premières mises en scène explorent les conflits professeurs-élèves ou parodient les films de gangsters en plein campus universitaire. C'est grâce au triomphe de son moyen-métrage Shigarami, récompensé en 1980 au PIA Film Festival, que le metteur en scène acquiert une réputation dans le milieu du cinéma : assistant des réalisateurs Shinji Somai et Kazuhiko Hasegawa, il apprend à leurs côtés pendant trois ans.
Embauché juste après par la major japonaise "Nikkatsu", Kurosawa s'illustre dans des romans pornographiques ou "pinkyu-eiga" et tourne en 1983 son premier long métrage, Kandagawa wars qui aura peu de succès. Lorsque la major refuse de produire son film suivant Joshi Dasei : Hazukashii seminar, qui correspond peu aux conventions du Pink Eiga, le réalisateur s'en remet à une société indépendante qui rachète ses droits et le distribue en 1985 sous le nom plus vendeur de The Excitement of the Do-Re-Mi-Fa Girl. Désormais sur la liste noire des producteurs, la carrière de Kurosawa connaît un arrêt brutal. A trente ans, il revient sur les bancs de l'université en tant qu'enseignant et mentor de futurs cinéastes japonais tels que Takashi Shimizu, le futur réalisateur de The Grudge.
En 1989, le cinéaste décide de s'essayer au thriller fantastique avec Sweet home, qui pose les bases de son univers. Son retour dans le circuit se fait doucement grâce à son ami Juzo Itami, acteur dans The Excitement of the Do-Re-Mi-Fa Girl et auteur reconnu par la suite avec Tampoco. Les années 90 marquent ses débuts pour la Kansai TV et les téléfilms d'horreur ou de fantômes. En 1992, le huis clos sanglant The Guard from the underground, s'impose comme son film le plus abouti. Fort de ce succès, il se lance la même année dans l'écriture d'un ouvrage Eizo no Karisma : Kurosawa Kiyoshi Eigashi et du scénario de Charisma. Alors qu'il enchaîne les productions pour la télévision et notamment la série des Suit yourself of shoot yourself! (dont le dernier opus serait une variation pornographique du film Les Proies de Don Siegel), il continue de travailler sur des thrillers horrifiques plus ou moins inégaux.
En 1997, Cure promeut son talent dans divers festivals et lui ouvre les portes de l'Occident deux années plus tard. Suivront son premier film hors-genre, Licence to live en 1998 puis l'année suivante Vaine illusion et Charisma, conte philosophique et farce absurde sortis en 1999. Kaïro en 2001, impose son sens du cadre et du rythme parmi les grands noms du cinéma de la peur. A l'honneur en 2003 à Cannes, avec la sélection du drame Jellyfish en compétition, le cinéaste repart bredouille de la croisette. Il reviendra par la suite aux films de fantômes et réalisera Séance en 2004 puis Loft en 2006, année où Kaïro fait l'objet d'un remake américain produit par Wes Craven (Pulse). Retribution marque la septième collaboration de Kurosawa avec l'acteur de Babel, Koji Yakusho, que le cinéaste retrouve encore dans Tokyo Sonata. Avec ce tout dernier opus, Prix Spécial du Jury, le travail de Kurosawa est finalement couronné à Cannes.
La mini-série Shokuzai, qui tourne autour de la disparition d'une petite fille, est distribuée en France sous la forme de deux longs métrages : Celles qui voulaient se souvenir et Celles qui voulaient oublier en 2012. Le cinéaste s'aventure ensuite du côté de la SF avec la romance Real en 2014, présentée à Toronto et Locarno. 2015 marque son retour au Festival de Cannes avec Vers l’autre rive où il remporte le Prix de la Mise en Scène Un Certain Regard. Le Japonais pose ensuite sa caméra en France pour tourner Le Secret de la chambre noire avec Tahar Rahim, Constance Rousseau, Olivier Gourmet et Mathieu Amalric. Avec ce film, Kurosawa continue d'explorer son thème de prédilection, le fantôme. Il sera ensuite de retour dans son pays natal avec Creepy, un thriller psychologique dans la même veine que Cure.
À quelques mois d'intervalle sortent en France en 2018 Avant que nous disparaissions et Invasion, deux oeuvres jumelles adaptées de la même pièce de théâtre et traitant d'une invasion extraterrestre. Si la première se distingue par ses saillies burlesques -un registre dans lequel on ne connaissait pas Kurosawa-, les deux films ont en commun d'aborder la science-fiction par le biais de l'intime. À l'instar de Shokuzai, Invasion est une série télévisée remontée pour être distribuée en salles.