Maurice Bénichou se produit comme chanteur dans des cafés lorsqu'il rencontre Marcel Maréchal, qui le fait débuter sur les planches en 1965. Il ne tarde pas à croiser la route d'autres grands metteurs en scène, de Patrice Chéreau ("Le Prix de la révolte au marché noir" en 1968) à Jean-Pierre Vincent ("Le Marquis de Montefoscon"). Mais on associe surtout le nom de Bénichou à celui du dramaturge anglais Peter Brook, dont il devient l'acteur-fétiche (il joue d'ailleurs dans la version filmée du Mahabharata) et le collaborateur occasionnel - du "Timon d'Athènes" à "Hamlet" en passant par "La Cerisaie" et "La Tempête". Lui-même devient une grande figure du théâtre français, montant Molière ("Dom Juan"), Tchekhov ("Les Trois sœurs"), David Mamet ("Oleanna"), Jean-Claude Grumberg ("L'Atelier") et Loleh Bellon ("Une absence").
Ce n'est qu'en 1972 que Maurice Bénichou apparaît pour la première fois à l'écran, dans Les Camisards de René Allio. Dès lors, il se voit régulièrement offrir des petits rôles au cinéma, le plus souvent dans des comédies populaires telles que Un éléphant, ca trompe énormément d'Yves Robert (1976), ou encore L'Animal (1977) aux côtés de Jean-Paul Belmondo et sous la direction de Claude Zidi. Poinçonné à la comédie, Maurice Bénichou ne s'empêche pas de répondre positivement à l'appel d'Henri Verneuil quand ce dernier lui confie un petit rôle dans son célèbre thriller I... comme Icare (1979) en compagnie d'Yves Montand, ou encore d’œuvrer dans des films à caractère politique (La Question (1976), traitant de la guerre d'Algérie).
De politique, il en est également question dans Tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir des parents communistes (1993), comédie dans laquelle le comédien fait son grand retour au cinéma après une décennie 80 en berne depuis 1981 et sa présence au casting de Qu'est-ce qui fait courir David ? d'Elie Chouraqui. Agent du Mossad dans Les Patriotes (1994), juif affirmé aux côtés d'Antoine de Caunes et Michel Aumont dans (1998), Maurice Bénichou campe également l'émouvant propriétaire de la boîte à souvenirs que retrouve Amélie Poulain
Les cinéastes de la génération des années 2000 voient en lui un père pudique et chaleureux (Drôle de Félix, Quand on sera grand), mais cette douceur n'exclut ni l'autorité ni la noirceur, comme le prouvent ses saisissantes apparitions dans Code inconnu (2000), Le Temps du loup (2003) et Caché (2005), trois films réalisés par Michael Haneke. Tournant sous la direction de cinéastes tout aussi prestigieux comme Hiner Saleem (Les Toits de Paris), Cédric Klapisch (Paris) et Pascal Bonitzer (Le Grand alibi), Maurice Bénichou est également présent lorsque ses amis acteurs Eric Caravaca, Niels Arestrup et Jane Birkin passent à la réalisation, respectivement pour Le Passager (2004), Le Candidat (2007) et Boxes (id.).
Egalement à l'affiche de films plus sombres tels que Inju, la bête dans l'ombre (2008) de Barbet Schroeder, Mensch (2009) aux côtés de Nicolas Cazalé, ou encore Omar m'a tuer (2011), dans lequel il prend les traits du célèbre avocat Jacques Vergès, Maurice Bénichou fait son retour à la comédie en 2012 pour Au cas où je n'aurais pas la palme d'or, donnant ainsi la réplique à Julie Gayet, Samir Guesmi mais aussi Solveig Anspach et Frédéric Pierrot. Il décède dans la nuit du 14 au 15 juin 2019.