Un kolkhoze, quelque part en Russie.Un jeune gars, Sénia, se distingue des autres villageois. Solitaire, il a l’habitude de traîner dans les bois car la nature l’attire, il aime l’observer. Or un loup rôde et menace les troupeaux. Il est chargé de l’éliminer. Les traces le conduisent jusqu’à la tanière d’une louve et de ses petits. Il est alors confronté à un dilemme : tuer ou ne pas tuer. Un conflit psychologique entre le chasseur et sa proie s’installe.
Ce film parle des relations entre l’homme et la nature, entre les hommes eux-mêmes. L’homme se considérant comme le propriétaire et le seul maître sur terre, sans tenir compte des autres créatures, le conflit naît inévitablement et ne peut être résolu, semble-t-il, que par la violence.
Il s’agit du film de fin d’études au VGIK de Kira Mouratova et de son premier mari, Alexandre Mouratov. Celui-ci connaissait l’écrivain Gavriil Troepolski et un de ses récits leur plaisait. L’adaptation est fidèle, avec l’accent mis sur des détails comme le vent, la beauté de l’aurore et du crépuscule, la rosée du matin. Le héros est un garçon bizarre, ce qu’on appelle en russe un "tchoudak", un original, le genre de type magnifié par Vassili Choukchine (acteur, metteur en scène et écrivain). Pour Kira, le début de son intérêt et de son attention pour les gens à part, les marginaux en pensées et en actes, les caractères entiers et différents. Les gens qui font un pas de côté par rapport à la majorité : ils ne s’opposent pas, ils sont ailleurs. Comme ce moyen métrage est un travail à deux, il est difficile de savoir exactement ce que ce film doit à la seule Kira Mouratova. Mais au vu de ses autres films, on peut sans hésiter lui attribuer la force des plans sur l’eau, la faune et la flore, la compassion spontanée pour les bêtes dites sauvages.