La bande dessinée, art séquentiel, se nourrit d’histoires : celles d’artistes d’origine libanaise, vietnamienne, italienne, algérienne ou argentine venus vivre et travailler en France ou celles d’auteurs témoins de l’Histoire planétaire des migrations. Entre les cases s’esquissent les récits intimes, universels et poétiques de leurs trajectoires humaines et créatrices. Leurs dessins sont plus que des traits, ils dévoilent les portraits sensibles d’hommes et de femmes qui parviennent encore à s’étonner, à s’interroger et à nous entraîner vers l’essentiel : les mouvements de la vie…
« L'exil c'est quotidien, on dort avec, on se lève avec. J'ai appris l'exil après l'école (…) Il faut apprendre l'exil sinon nous n'allons transmettre que des tares » dit Halim Mahmoudi, auteur de « Arabico ». Ce dernier est représentatif de la deuxième génération d'immigrés, celle qui a grandi en France et qui témoigne aujourd'hui : « Avec « Arabico » je montre les conséquences de l'immigration, du point de vue de l'enfant, de la deuxième génération ».
L'immigration est aussi un mouvement parfois nécessaire pour s'exprimer, selon l'auteur libanaise Zeina Abirached : « Il a fallu mettre de la distance entre moi et Beyrouth pour pouvoir en parler ». Mais partir ne signifie pas oublier, bien au contraire, comme le dit Enki Bilal, immigré en France à l'âge de 10 ans : « Rien de ce qui me lie à l'ex-Yougoslavie ne s'est affaibli. Je développe les deux entités de ma personne ». Mais quelles que soient les raisons du départ, le retour s'avère également compliqué. L'immigration serait comme la vie, un mouvement perpétuel. (d'après F. Duhamel, Courrier de l'Atlas)