Votre avis sur Voyage à Tokyo ?
4,5
Publiée le 14 mars 2025
Tout en plans fixes, voici l'oeuvre la plus admirable du maître Yasujirô Ozu qui reprèsente à lui seul une parenthèse cinèmatographique èblouissante. « Voyage à Tokyo » pour ce couple se sentant vieillir et en mal de ses enfants! Le cinèaste nippon laisse une place pleine de tendresse aux parents devenus gênants! La subtilitè, la dèlicatesse et l'èmotion dont l'histoire regorge sont essentiellement dues aux talents dont Ozu a su s'entourer notamment l'impèrial Chishū Ryū et la merveilleuse et gentille Setsuko Hara! L'importance historique de "Voyage à Tokyo" (1953) est considèrable aujourd'hui au point que cet immense classique a ètè èlu comme l'un des plus grands films de l'histoire du cinèma! Rien que ça! Bref, il n’est pas nècessaire d’exprimer la beautè globale du film car il s’agit d’une oeuvre d’art quasi parfaite de Ozu! Aucune rèsistance à la vèritè sur le regret ou de la perte d'un proche! Juste un lent regard sur un bel horizon....
3,5
Publiée le 2 mars 2025
Bon film sur la piété filiale. Bien cadre, bonne musique et mise en scène. Le film est cependant trop lent pour être captivant.
2,0
Publiée le 27 février 2025
Désolé de ne pas crier au chef d'œuvre comme les spécialistes et la majorité ici, mais quel ennui ! Déjà il faut composer avec les comportements japonais (courbettes, sourires forcés) mais quand c'est joué aussi mal en plus (les grands parents surtout : les mmmm du pépé!).En ce qui concerne la technique c'est limité : plans fixes, gros plans, le tout dans les intérieurs minuscules et à ras du sol (les japonais ont des bons genoux) comme convenu dans ce pays (avec sandales et kimonos bien sûr). L'histoire, elle, se résume à l'ingratitude des enfants vis à vis de leurs vieux parents. L'intérêt principal est d'observer l'habitat, la culture et les échanges sociaux dans le Japon de l'époque, mais pour ce qui est des sentiments ça reste donc très aride, à l'image de la pudeur et de la retenue de ce peuple.
Santucci Charles

99 critiques

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4,0
Publiée le 17 février 2025
Ozu est le maître du plan fixe, chaque plan est composé si intelligemment, plusieurs plans se superposent. Dommage qu’il n’y est plus cet amour du plan fixe aujourd’hui.

Ici, nous sommes embarqués dans un voyage au plus proche de la famille. Les relations grands parents/enfants sont simples, discrets, pas non plus le grand amour. Les relations grands parents/petits enfants sont plus difficiles très peu de contact entre eux. Il y a des fossés générationnels.

Il faut garder à l’esprit qu’on est quelques années après la guerre, la bombe atomique. On remarque que les grands parents sont bien plus traumatisés par la guerre, ils ont des réactions assez bizarres, drôles durant le film. Le grand père boit son saké afin d’oublier les malheurs d’une vie chamboulée. Ce que veut mettre en relief Ozu c’est la peur de l’oubli. Il a peur que les jeunes, nés au lendemain de la guerre, oublient les événements du passé. Il veut souligner alors l’importance du devoir de mémoire.

Il parle aussi de l’évolution rapide de la société japonaise en prenant comme un des lieux principaux du film la mégalopole de Tokyo en pleine construction. Les grands parents sont dépassés par les avancés (trop) rapides de leur monde.

Mention à Chishū Ryū qui est génial dans son rôle de père/grand père, il est si attachant, si touchant on a envie de boire un saké avec lui pour lui faire oublier sa solitude.
4,0
Publiée le 8 février 2025
Subtilement corrosive, cette étude de moeurs déconstruit le mythe de la valeur refuge familiale grâce au récit d'un voyage de parents désireux de revoir leurs enfants: d'une part ces derniers ressentent leur venue comme une intrusion gênante (seule la bru veuve les prend gentiment en considération grâce au souvenir de son époux défunt), de l'autre les géniteurs se plaignent du manque de réussite ou d'attention de leur progéniture. Or, ce propos grinçant où les considérations pragmatiques dament le pion aux convenances sentimentales s'orne d'une mise en scène épurée qui laisse s'exprimer toute la pertinence du jeu des comédiens (hormis le surjeu de Setsuko Hara), chacun conférant densité ou complexité à son personnage (parfois écrasé sous l'ennui ou la frustration), et révèle le paradoxe d'une ville où modernité et traditions cohabitent en un équilibre précaire (symbolique scène introductive). Cependant, ce dramatique périple laisse de glace, la froideur de l'atmosphère, l'audacieux humour noir (irrésistible cynisme de certains dialogues) l'aspect de dissection psychologique des rouages du clan ne cédant aucune place à l'émotion. Un tableau cru, cruel, lucide, de la réalité d'un groupe lié par le sang...
anonyme
Un visiteur
4,0
Publiée le 12 décembre 2024
Les jeunes n'ont pas le temps, les vieux n'ont plus le temps. Comment dès lors l'impossibilité du dialogue se fait jour.
5,0
Publiée le 19 avril 2024
"quand on perd un enfant, on est malheureux. Mais quand ils vivent, ils deviennent lointains. Il n'y a pas de solution au problème." dit un vieil ami au grand père. Cette phrase résume "Voyage à Tokyo".
Ozu traite ici le fossé qui se creuse entre les générations (grands parents, parents, enfants), de la culpabilité des premiers d'avoir failli dans l'éducation des seconds. De l'ingratitude des seconds envers leurs aïeux, trop occupés par leur travail, et répétant les mêmes erreurs envers leurs enfants. Enfants, à leur tour, gâtés, désobéissants, souvent insupportables.
Aucun personnage n'est épargné dans ce drame, sauf Noriko, la jeune belle-fille déjà veuve, qui éblouit par sa gentillesse.
Dans cet Ozu, il y a toujours des plans fixes, des figures géométriques, du bon dialogue, des trains, et du saké, beaucoup de saké.
Encore une fois, on trouve les acteurs habituels des films d'Ozu, tous excellents.
Chishû Ryû, en grand père tranquille, philosophe et nostalgique, est à nouveau épatant. Il se surpasse dans la scène très drôle de la soirée "légèrement arrosée" avec ses vieux amis.
Et que dire de Setsuko Hara, cachant sa mélancolie sous un flot de sourires et d'altruisme. Etincelante!
Du très, très grand Ozu.
5,0
Publiée le 4 avril 2024
Dernier volet de la trilogie de Noriko ( nom du personnage incarné par Setsuko Hara, égérie de Ozu), c'est aussi le plus bouleversant.

On retrouve la plupart des personnages qui figurent dans le deuxième volet de la trilogie "Été précoce" (1951), même si les acteurs n'ont pas les mêmes rôles dans les deux opus.

Généralement considéré comme le chef d'œuvre du cinéaste décédé en 1960, soit sept ans après " Voyage à Tokyo" ( "conte de Tokyo", si on se réfère à la traduction littérale du titre original), c'est en tout cas mon préféré dans une filmographie qui atteint à partir de 1949 ( "printemps tardif") les sommets du septième art.

Un vieux couple qui vit dans le sud de l'île de Honshu, décide de rendre visite à leurs enfants à Tokyo. L'accueil qu'ils reçoivent n'est pas à la hauteur de leur espérance.

Réflexion sur le temps qui passe, la vie, la vieillesse et la mort, le scénario traite avec délicatesse et émotions de sujets existentiels essentiels à méditer.

On retrouve dans le scénario le thème de la jeune fille qui vit seul avec son père qui sera traité largement par le cinéaste ("printemps tardif" notamment), celui du mariage ( ici avec la veuve incarnée par Setsuko Hara et belle fille du couple âgé).

On notera la prestation formidable de l'actrice Haruko Sugimura ( figure majeure du cinéma japonais) qui incarne la fille la plus âgée du couple, dans un personnage subtil d'égoïsme, de méchanceté, de toxicité et de laideur intérieure.
4,5
Publiée le 26 mars 2024
C’est peut-être le film de Ozu où l’on sent le plus la distorsion entre son style serein, paisible, apparemment simple, et l’impression d’importance qu’il donne. Le cinéaste parle ici du décalage entre les générations, entre les parents et les enfants, les premiers dans la nostalgie du passé et les seconds pris par leur présent. Décalage, plutôt que conflit, parfaitement inscrit dans le lieu et l’espace, la période d’après-guerre au Japon, et en même temps portant quelque chose d’universel. D’un ensemble admirablement fluide se détachent plusieurs scènes, ou plutôt plusieurs plans -simples toujours, symboliques souvent- dont on sait qu’ils resteront gravés dans nos mémoires. Le plus caractéristique du style du cinéaste étant ces plans fixes intercalés qui n’ont aucun rôle narratif, mais une fonction émotionnelle par un rapport qu’ils peuvent entretenir avec des situations, et par celle de prise de conscience du temps qui passe. Ozu exprime encore, par la voix de de ses personnages, ici celle de Noriko, sa compréhension des comportements humains, compréhension teintée de nostalgie. Tout ceci explique la citation régulière de cette œuvre dans les grands films de l’histoire du cinéma.
5,0
Publiée le 22 février 2024
Dans « Voyage à Tokyo », j'ai été profondément touché par la manière dont Ozu explore le passage du temps et la dynamique des relations familiales. La délicatesse et la précision de sa mise en scène, combinées à une narration descriptive rigoureuse, mettent en lumière l'universalité des thèmes abordés. Ce film illustre parfaitement la capacité d'Ozu à capturer l'essence de l'esprit japonais à travers des histoires qui semblent presque ne pas en être, tout en laissant transparaître une cruauté sous-jacente dans le monde qu'il dépeint. La finesse avec laquelle chaque personnage est dessiné est remarquable, presque comme une œuvre d'art. Le film déroule son récit avec une tranquille assurance, capturant l'écart entre le Japon traditionnel et la modernité. C'est une œuvre où la solitude des personnages âgés face à la froideur de leurs enfants est poignante, empreinte d'une mélancolie douloureuse. Un véritable chef-d'œuvre du cinéma, à la fois simple et incroyablement riche, qui capte avec brio les nuances des émotions humaines et les complexités de la vie familiale. WHITE FINGERS : LA PISTE SYSKIYOU (TOME 1) et LE CIMETIERE DES SQUAWS (TOME 2) (Amazon Kindle).
5,0
Publiée le 20 février 2024
Un film magistral, l’on pourrait probablement utiliser le qualificatif de parfait, un peu comme certain chef d’œuvre :« Citizen Kane » ,« 2001 » ou « Le Mépris » . Tout y est ; un sujet intemporel, ou plutôt une foison de sujets, et puis surtout un style unique, envoutant, épuré, mais tellement cinématographique, de la beauté à l’état brut et en même temps sophistiqué, ultra raffiné. Bien sûr nous sommes toujours en plan fixe à ras du tatami, souvent cadré serré sur les visages, des acteurs pleine face caméra , et toute l’émotion transmise directement vers chaque spectateur, individuellement, et puis des interludes de plans fixes de paysages , comme des têtes de chapitre qui annoncent ce qui va suivre , et c’est là où le « Voyage à Tokyo » est un chef d’œuvre c’est que chaque plan transforme un paysage « anodin » et en fait une substance qui annonce la séquence à suivre .On a l’impression d’être dans un tableau de Velázquez, avec cet effet « mise en abime ». Les plans d’usines ou de métro bondé annoncent l’arrivée à Tokyo. Un plan fixe de mer à la station balnéaire, introduit la cure thermale, et les plus beaux plans fixes de Ia ville noire, vidée, désolée, pluvieuse de Onimichi ( petite ville de province éloignée) annoncent le décès de l’héroïne . C’est énorme et diabolique. Il y a un seul travelling dans tout le film, une merveille de sobriété, travelling latéral devant un bâtiment délabré qui découvre soudain les deux grands-parents esseulés, isolés mais solidaires. Sur le fonds le film est d’une grande puissance : ce voyage de la génération sénior vers la mégapole Tokyo, où vivent leurs enfants, adultes, tous très actifs, qui n’ont pas le temps de s’occuper de leurs anciens. La vie moderne, le Japon de la croissance et de l’occidentalisation, qui happe la nouvelle génération. Cette distance, ce manque de temps et de disponibilité est décrit avec rigueur, austérité, mais pas d’aigreur ou de douleur, juste un constat, froid presque clinique ; en douceur , la famille qui se dilue, en finesse : c’est l’évolution du monde du XXe siècle, c’est universel .Très dur, très émouvant , mais qui peut-on ? L’autre sujet est celui de la jeune veuve, jeune femme magnifiquement interprétée par Setsuko Hara , probablement son plus beau rôle dans les films d’ Ozu , elle est illuminée , radieuse, c’est la Greta Garbo ou Marlène Dietrich du cinéma japonais . Elle intériorise sa douleur, son veuvage depuis 7 ans, en compensant par une sorte de bonté naturelle, de grâce. Ses beaux -parents vont tout comprendre, l’écouter, l’aimer et essayé de la motiver à réapprendre à vivre, à profiter de l’instant. Dernières scènes magnifiques où la vieillesse, la mort qui arrive pour certains est échangée contre la vie qui doit revenir , contre le bonheur assouvi. Sublime.
3,5
Publiée le 29 avril 2024
Indépendamment de la valeur intrinsèque du film d'Ozu, on ne peut pas ignorer le choc culturel que représente, à nos yeux, ce reflet de la société japonaise en 1953. Cet "exotisme" est inséparable de l'intérêt que procure le film.
Tout en plans fixes (sauf un, dont j'ignore le sens), avec une caméra posée au sol pour capter les conversations de personnages le plus souvent agenouillés ou assis en tailleur, la réalisation, confinée pour l'essentiel dans les logements, semble vouloir en restituer l'exiguité. Car le manque de place n'est pas une idée en l'air dans le sujet d'Ozu. Il détermine pour une part l'accueil qui est fait par leurs enfants au vieux couple venu de son lointain village jusqu'à Tokyo pour les visiter.
La relation courtoise et respectueuse entre ces modestes parents et leurs enfants ne perdra jamais de ce caractère policé, même quand les vieux époux comprendront avec amertume qu'ils sont un embarras pour leurs enfants, spoiler: à l'exception de leur belle-fille aimante, veuve d'un fils mort au combat
(ce sera la seule réference à la guerre finie huit ans plus tôt). Le sujet d'Ozu évoque sans éclat ni acrimonie l'égoisme des enfants - jusqu'à l'indifférence des petits-enfants- et le sentiment d'inutilité, le sentiment d'être de trop qu'éprouvent leurs parents dans une sociéte qui avance sans avoir besoin d'eux. C'est le principal enseignement de ce film sensible, d'une très grande simplicité scénaristique -sans préjudice d'une discrète symbolique- et qui sait rendre attachants des personnages à la fois si proches et si éloignés de notre culture.
3,5
Publiée le 8 janvier 2024
Souvent considéré comme l’un des plus grands films de tous les temps, Voyage à Tokyo (1953) raconte l’histoire d’un couple de retraités vivant dans une cité portuaire tranquille, et qui décide de passer quelques jours dans la capitale japonaise afin d’y retrouver ses enfants, qui s’y sont quasiment tous exilés. Mais loin des retrouvailles chaleureuses qu’ils imaginaient, leur arrivée va être perçue comme dérangeante par des enfants surmenés dans leurs occupations professionnelles et familiales. Après quelques jours, deux des enfants iront même jusqu’à se cotiser pour envoyer leurs parents dans une cité thermale située en dehors de Tokyo. Filmé avec une grande délicatesse, malgré la violence sourde du sujet, Voyage à Tokyo raconte les bouleversements sociaux d’une société nippone d’après guerre bouleversée par l’éclosion du modèle des grandes villes industrielles, et du déclassement de modèles perçus comme anciens. Un sens du cadre évident.
anonyme
Un visiteur
5,0
Publiée le 6 décembre 2023
Qu'est-ce qui se passe dans ce film, cette histoire de la famille japonaise au début des années 60. Souvent Ozu traite de l'affrontement entre la tradition et l'occidentalisation. L'acculturation occidentale comme effacement d'une vie traditionnelle, avec ses traditions, ses étiquettes, ces codes. La famille qui est le pilier de la société n'est ici plus un piler. C'est ce que Ozu dénonce avec une simplicité déconcertante.
5,0
Publiée le 3 décembre 2023
Passer quelques jours chez leurs enfants qui habitent la capitale, voilà le vœu de ce grand père japonais et de son épouse. Au début, tout semble parfait mais la suite devient un peu déprimante. Seulement la grande politesse et l'extrême pudeur japonaise masquent les sentiments réels. Le réalisateur Ozu filme en plans fixes, une famille de trois générations dans un monde où le temps libre est réduit tout comme l'espace d'habitation et où les adultes ont mille choses de mieux à faire que de consacrer du temps à leurs vieux parents. Parfois ce ne sont pas les enfants biologiques qui sont les plus attentionnés. Thèmes récurrents dans son œuvre, les difficultés de vivre ensemble, d'élever des enfants et le refuge dans l'ivresse pour arriver à dire ce que l'on a sur le cœur.
Ce long métrage se déroule sans dramatisation excessive et comme si la caméra était une petite souris qui observe ce monde d'humains. Message généralisable à d'autres cultures humaines même si la manière d'extérioriser ses sentiments diffère d'un pays à l'autre. Une leçon d'humanité qui fait réfléchir sur les priorités de chacun.
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