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Flavien Poncet
236 abonnés
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5,0
Publiée le 7 mai 2007
«Tokyo monogatari» (Japon, 1953) de Yasujirô Ozu sapparente au plus grand drame de lhistoire du cinéma. Cependant le drame est ici couvert par la fierté des comportements japonais, lhumilité des sentiments allégeant lexpressivité des émotions. Mais paradoxalement, la componction latente des scènes, saccumulant les unes aux autres, permet une conclusion où chaque plan est chargé dun drame vrai. Mais si «Tokyo monogatari» est aussi un film épatant, cest grâce à son apparente fluidité. Apparente seulement puisque les plans, pour une grande majorité fixes, possède une composition hors norme, où les cadres illustrent eux-mêmes un cadre, composé parfois dautres cadres in utero. Cest cette architecture des plans, ponctuée par des champs/contre-champs à 180°, qui fait de ce film dOzu une cognition de la famille japonaise et de son évolution suite à son entrée dans la mondialisation. Car cest de cet héritage des générations que traite «Tokyo monogatari». Un vieux couple rend visite à ses enfants à Tokyo mais ces derniers se voient progressivement ennuyés par leurs parents. «Lorsquils sont dans la tombe tout est inutile» cite Keizô, et cela brosse parfaitement le note du film qui traite, sans jamais juger, du rapport entre les générations. Le drame éclos lorsquOzu décide de faire mourir le personnage de la mère, représentant par ce biais la rupture du lien maternel sentimental, la société se raidissant, brisant les liens familiaux au passage. Drame retenu, message âpre sur un thème de prédilection dOzu : la famille, «Tokyo monogatari», par laccalmie de son ambiance, apaise nos sentiments pour mieux les projeter dans le drame nécessaire de la famille. Chef duvre incontestable du cinéma mondial.
Une incroyable evocation du Japon d'après guerre... tellement réaliste et aussi cruel... L'analyse de la société japonaise, du noyau familial, se construit petit à petit et se révéle au téléspectateur de facon magistrale et terrible. Un superbe film à ne pas manquer.
C'est beau, c'est lent, c'est triste, c'est profond. Ca fait sourire, ça fait pleurer, ça fait réfléchir. C'est Ozu, c'est Le voyages à Tokyo, c'est grand.
Beaucoup de Japonais considèrent quOzu est le réalisateur qui incarne le mieux lesprit de leur pays et de ses habitants. Cette façon de dire les choses presque sans avoir lair de les dire, cette douceur des apparences sous laquelle pointe la cruauté du monde. Cest ce qui est le plus admirable dans ce "Voyage à Tôkyô". La tranquille assurance avec laquelle le cinéaste déroule son propos: larrivée de ce couple à la capitale, le décalage entre le Japon traditionnel quils incarnent et la modernité dans laquelle leurs enfants sont immergés, la mesquinerie de ces derniers, l'approche de la mort... La précision, la vigueur et la finesse avec laquelle Ozu dessine chaque personnage est proprement ahurissante. Cest presque une démarche de peintre et de calligraphe... et comme dans toute bonne calligraphie, on sent le souffle de la vie circuler dans ces images. Lémotion est toujours là (le court face à face entre la grand-mère et son petit-fils !!!). La tendresse aussi, même pour les personnages les moins sympathiques. Et puis ces plans sur la ville, sur les trains, sur ce Japon qui se transforme à toute vitesse... Un peu étonnant, dans un tel contexte, que vers la fin apparaisse longuement en bas à droite de lécran une publicité pour... Bridgestone ! Mais à ce degré de perfection, on est prêt à pardonner beaucoup.
Ozu, les parents, les enfants, leurs rapports. Apres avoir vu Bonjour et Le Gout Du Saké on en redemande... et en fait, Voyage a Tokyo est plus lent, les rapports entre generations sont plus mechants aussi. Ozu est un grand maitre, il faut bien mettre une echelle sur sa filmographie impressionante toutefois.
« Voyage à Tokyo » est le premier film d'Ozu que j'ai vu, et à l'époque il m'avait laissé assez indifférent, voire m'avait un peu ennuyé. Je suis depuis devenu complètement accro au cinéma d'Ozu, et je n'ai pas été déçu par ce film en le revoyant. La mise en scène est toujours aussi soignée, le regard du cinéaste toujours aussi pudique et incisif à la fois. L'intrigue est peut-être encore plus ténue qu'à l'accoutumée, mais le film est toujours aussi riche d'enseignement sur les relations humaines. Je souhaite à tout ceux qui ne l'ont pas aimé de devenir un jour sensible à ce cinéma.
Y a-t-il jamais eu de cinéaste plus pudique qu'Ozu? Grand observateur du choc des générations et des mutations culturelles du Japon de l'après-guerre, Ozu "resserre" tout à l'extrème. Pas d'effets spectaculaires, pas de symbolisme, nulle dramatisation, zéro pathos. La violence "douce" des rapports n'en est que plus terrible. Infiniment subtil et maginifique.
Un Voyage doit nous faire ressentir d'agréables sensations, nous éblouir, nous enchanter... Hélas ! il n'en est rien de tout cela: le Spectateur s'ennuie, s'endort malgré quelques jaillissements de joie...
Un couple de sexagénaires vivant dans une petite ville de campagne se rend à Tokyo afin de rendre visite à leurs enfants. Seulement une fois sur places les dits enfants trop occupés par leurs propres vies voient larrivée de leurs parents comme un embarras La famille, thème principal et récurent dOzu, est ici dépeinte dans toute sa modernité et dans le délabrement qui en résulte. Chacun vit à distance les uns des autres, et les joies des retrouvailles ne durent que le temps dun souffle nostalgique avant que lappel des obligations personnelles ne se fasse ressentir. La profonde détresse que ressentent ces personnages vieillissant face à la froideur de leurs propres enfants est poignante, imprégnant chaque instant dune mélancolie douloureuse. Sans jamais user deffets grandiloquents, Ozu se contente de les filmer avec de longs plans densemble à hauteur de tatamis entrecoupés de plans rapprochés face caméra, laissant ainsi la place à lexpression du réel. Et cette réalité fait de plus en plus mal à mesure que grandit la solitude dans laquelle se retrouve relégué contre leur gré les deux seniors, finalement forcés de sen aller chercher chaleur ailleurs avant de sen retourner vers un chez eux quils ne retrouveront pas. Car la paisible demeure quils avaient quitté sest transformé en antichambre de la mort, où seul persiste la froide attente qui les sépare du moment fatidique. Ozu montre avec dureté comment les enfants, après avoir drainé et absorbé, puis rejeté, la vie de leurs parents, les poussent eux-mêmes vers la mort, les désincarnant de force dun monde qui ne veut plus deux. Terrible réalité fatalement promise à tout un chacun, où subsiste la rare lumière de quelques êtres moins égoïstes que les autres, mais finalement obligés de sen aller vers leur vie et de laisser les vieux aller vers leur mort.(+de critiques sur http://www.guillaumetauveron.com/Textes/chroniques_films.htm)