Alors qu'il est appelé par la famille Tremayne suite à l'accident dont est victime la maîtresse de maison, un ambulancier va y rencontrer la belle-fille de celle-ci, pour le meilleur et pour le pire...
S'ouvrant sur ce sauvetage, on découvre assez vite le visage angélique de Jean Simmons dont, très vite, on devine qu'il se cache derrière une face sombre et ambiguë. Une ambiguïté que laisse planer Preminger tout le long du récit, notamment sur les personnages et enjeux et très vite ce jeu dangereux et psychologique devient intriguant et captivant, servi par une très bonne mise en scène. Il nous entraîne entre manipulation, charme et pouvoir, ainsi que la façon dont elle va peu à peu tendre son piège autour de l'ambulancier.
Alors, si l'ensemble m'a paru parfois un peu trop froid notamment autour de Jean Simmons dont la nature sombre est assez vite évidente, c'est tout de même une réussite de la part de Preminger, qui bénéficie d'un scénario aussi habile qu'intéressant et amoral, qu'il orchestre avec brio de bout en bout, nous emmenant dans divers chemins parfois inattendus. De plus, l'ensemble bénéficie de l'excellente partition de Dimitri Tiomkin, renforçant le sentiment d'un amour sombre et fataliste.
Il met en place une atmosphère troublante et tragique autour de cette passion aussi obsessionnelle que destructrice et la mise en scène de Preminger est assez sobre, évitant tout excès ou lourdeur et nous emmenant de belles manières au coeur de cette histoire. Bénéficiant d'une belle photographie en noir et blanc, il use d'un jeu d'ombres avec brio et met parfaitement en valeur ses personnages. Jean Simmons est d'ailleurs inoubliable avec ce visage d'ange cachant une personnalité bien complexe et ambigu et face à elle Robert Mitchum impose sa classe et son charisme.
Otto Preminger met en place un jeu de séduction, de manipulation et de danger autour de ce magnifique couple où ambiguïté, noirceur et fatalisme sont au cœur du récit pour une oeuvre, certe non sans défaut, mais troublante et passionnante.