Après l'échec commercial de La Splendeur des Amberson et le tournage inachevé d'It's all True, les relations entre Orson Welles et la RKO, le studio avec lequel il était sous contrat depuis son premier film, Citizen Kane, sont de plus en mauvaises. Initialement, c'est lui qui doit réaliser en 1942 Voyage au pays de la peur, mais le studio l'écarte finalement au profit de Norman Foster, et Welles, qui participe à la conception du film à différents postes (écriture, réalisation, production), est uniquement crédité comme acteur. C'est la fin de sa collaboration avec la RKO.
Voyage au pays de la peur fait suite au projet inachevé d' Orson Welles, It's all True, pour lequel le comédien et réalisateur Norman Foster étaient déjà associés. Celui-ci devait en effet tourner My friend Bonito, l'une des trois parties du film que Welles devait tourner au Brésil, It's all True. En conflit avec le studio - il voulait notamment montrer la réalité sociale du pays -, Welles ne viendra pas à bout de ce tournage, par ailleurs émaillé d'incidents. Peu de temps avant sa mort, le cinéaste demandera à ses proches de reconstituer ce film, à partir du seul épisode effectivement tourné, Quatre hommes sur un radeau. Cette ébauche de film sortira en salles en 1993.
L'un des rôles principaux de Voyage au pays de la peur est tenu par Dolores del Rio, vedette d'origine mexicaine qui eut à cette époque une liaison avec Orson Welles. Après l'échec commercial rencontré par le film sorti en 1942, elle retourne dans son pays natal, où, pour la première fois de sa carrière, cette actrice qui connut le succès à Hollywood dès les années 20, tourne plusieurs films en espagnol. Quant à Welles, en 1943, il épouse Rita Hayworth.
Joseph Cotten et Agnes Moorehead ont tourné ensemble à plusieurs reprises, notamment dans les deux premiers films de Welles, Citizen Kane et La Splendeur des Amberson - qui sont aussi les deux premiers de la comédienne. Ils se retrouveront en 1966 dans Chut...Chut...chère Charlotte de Robert Aldrich. Par ailleurs, Moorehead et Welles seront réunis sur le plateau de Jane Eyre de Robert Stevenson.
Vingt ans plus tard, ce film donnera lieu à un remake, également intitulé Journey into fear, réalisé par Daniel Mann avec entre autres Sam Waterston, Shelley Winters et Vincent Price.
Le scénario de Voyage au pays de la peur est coécrit par Joseph Cotten, qui joue également l'un des rôles principaux du film. C'est la seconde fois que Cotten participe à l'écriture d'un film, après La Splendeur des Amberson d'Orson Welles, dont il est un acteur-fétiche.
C'est la première fois qu'un livre d'Eric Ambler, écrivain spécialisé dans le roman d'espionnage est porté à l'écran. Par la suite, d'autres films seront inspirés d'oeuvres d'Ambler, qui est par ailleurs scénariste. On peut citer Le Masque de Dimitrios de Jean Negulesco, Intrigues en Orient de Raoul Walsh, ou encore Topkapi de Jules Dassin.
Trente ans après Voyage au pays de la peur, Orson Welles retrouve Norman Foster pour le tournage de The Other Side of the Wind (l'autre côté du vent), que Welles réalise et dans lequel joue Foster, en 1971. Mais le tournage de ce film avec John Huston restera inachevé pour des raisons financières, même si un montage partiel sortira en salles.
Outre plusieurs longs-métrages, le cinéaste Norman Foster réalisera des épisodes de fameuses séries télévisées des années 50 et 60, comme Zorro, Davy Crockett ou encore Batman. Ajoutons qu'Agnes Moorehead, l'une des héroïnes de Voyage au pays de la peur, sera Endora, la mère de Samantha dans l'un des feuilletons les plus populaires des années 60, Ma sorcière bien-aimée.