Un homme solitaire s'avance vers les chutes du Niagara... Le soleil est intense. Grâce à la puissance des chutes, des milliards de goutelettes sont projetées et les rayons du soleil créent alors un arc en ciel. L'homme, pensif, le regarde, puis s'éloigne et repart. Il passe près d'un arrosage automatique qui crée le même effet, mais de taille bien plus petite. A nouveau, il le regarde, et s'éloigne. Le grand arc en ciel symbolise Marylin Monroe, le second Jean Peters. A la robe moulante fuschia de Monroe répond également la robe bleu roi de Peters, plus discrète mais néanmoins intense. A partir de là, et tout au long du film, nous verrons deux superbes jeunes femmes, très différentes mais également belles, s'affronter, et aucune n'en sortira vainqueur. Il sera vite dit en effet de déclarer que c'est Marylin Monroe qui gagne, car en fait tout le film est centré sur le personnage de Jean Peters, cette jeune femme ordinaire qui est soudainement emportée dans un tourbillon pervers et qui s'en sortira de justesse. On s'attache plus à Peters qu'à Monroe, qui y révèle toutefois des aptitudes étonnantes, en jouant le rôle de cette femme amorale avec une justesse irréprochable. Mais c'est surtout Jean Peters qui est à féliciter : en acceptant un rôle à priori bien plus terne, elle le rend attractif et émouvant, et on s'identifie totalement à elle, on suit comme elle les événements tragiques et fous qui nous bouleversent. Entre ces deux natures, Joseph Cotten, poignant, à la fois discret et déchirant. Comédien souvent injustement sous estimé (car, entre autres, il était le meilleur ami d'Orson Welles, et on l'a considéré comme un sous fifre de ce dernier). Dans un rôle prévu pour James Mason, il donne à son personnage une fragilité inattendue qui le rend sympathique malgré l'horrible forfait commis (l'assassinat de Monroe) et (presque) comme Peters, on s'attache à son chemin, de ce pauvre homme détruit par sa passion pour une femme fatale. Un chef d'oeuvre puissant à revoir !