Agnès Jaoui et Jean Pierre Bacri associés à Alain Resnais produisent une chronique intimiste dont ils ont le secret ; un trio de haut vol pour un enchantement durant deux heures. Si l’on ajoute un casting tout simplement incroyable, on ne peut être que séduit.
Ce film parle de l’usure des sentiments, des faux semblants, du mensonge des apparences sur un ton léger et plein d’humour mais teinté de mélancolie ; la marque de fabrique du duo scénariste. Alain Resnais apporte sa touche dès le début avec une fausse piste incroyable dont on ne peut révéler la teneur ; mais qui laisse pantois le spectateur persuadé de s’être trompé de film. Mais la grande originalité de ce banal Jaoui/Bacri est de faire un film chanté, non pas une comédie musicale. A chaque instant surgisse des chansons populaires françaises de toutes époques au beau milieu des dialogues : Joséphine Baker, Alain Bashung, Edith Piaf, Johnny Hallyday, France Gall, Téléphone, Alain Souchon,… Ces pastilles sont soit un simple relais d'un dialogue, mais l’inconscient de tel personnage, l’image mentale de tel autre, voire un commentaire ou critique ironique du film en train de se faire. C’est une véritable diversité d’usage donnant toujours un angle nouveau à ce qui aurait pu être réduit à de la simple technique. Le choix des morceaux est aussi incroyablement juste, toujours dans le tempo et apporte une fraicheur primesautière à l’ensemble.
Voilà pour la frivolité du film, après c’est du théâtre de boulevard avec ses quiproquos, ses tromperies,… Sans cynisme, le scénario parle tout simplement de la comédie humaine. Jusqu’à un final, lors d’une crémaillère, où tout va voler en éclat et les masques finiront par tomber.
Sept Césars bien mérités pour un film profond mais très drôle avec un Resnais exposant Paris aussi joliment que son homologue américain Allen magnifie Manhattan. Un film incontournable…
tout-un-cinema.blogspot.com