Cet été de vacances d’un enfant est raconté par de belles images, et l’apparence du film pourrait être celle de la nostalgie, du beau souvenir encore enjolivé par le temps. Mais il n’en est rien, car derrière les apparences se révèle la réalité. Le sympathique accueil réservé à Léo n’empêche pas qu’il soit considéré comme un « jouet de l’été » que l’on expose (le nouveau costume), que l’on utilise (les messages) et que l’on méprise (la scène ou Marian craque face à son premier refus de porter un pli). Mépris de classe car Léo ne fait pas partie de l’aristocratie Anglaise décrite ici, qui une fois par an se joint à la « populace » pour une fête commune, et qui est contente quand cela se termine, avec le sentiment de la Bonne Action accomplie. Dans ce cadre social pertinemment décrit, Losey parvient à créer une sensation de mystère, de malaise, voire de malédiction. A côté du magnifique jardin subsiste le jardin abandonné où pousse la belladone, plante vénéneuse et dangereuse, et sous la meule de paille propice au jeu se dissimule une souche et une hache ; et Léo raconte être capable de jeter des sorts, il possède d’ailleurs un grimoire. Le mystère naît aussi d’un procédé fort rare, le « flash forward », ou apparaissent des images intrigantes d’une époque visiblement postérieure, images que l’on comprendra plus tard ; quand réapparaîtra la question de la relativité des souvenirs, effleurée par la phrase en exergue. Tous ces éléments sont parfaitement agencés dans cette dramatique histoire de traumatisme que constitue la découverte du monde et de ses vicissitudes par un enfant (avec une place centrale de la vie sexuelle). Le résultat est un film extrêmement riche et subtil, qui culmine dans un émouvant final.