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AMCHI
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4,5
Publiée le 12 juillet 2013
Losey parvient à rendre passionnant un film ou finalement on voit des protagonistes faire relativement peu de choses si ce n'est la flânerie oisive d'aristocrates Anglais. Ils passaient du bon temps à leur manière dans cette superbe campagne anglaise ; film magnifique Le Messager fait dans la subtilité avec sa dose de cruauté et de désillusion. Finement et gracieusement mise en scène, j'ai lu parfois des remarques sur le style classique de Le Messager mais c'est le seul qui seyait à ce type de film, on allait pas faire un truc barré à la Lynch ou la Russell. Belle interprétation aussi, le jeune acteur incarnant Léo joue parfaitement et on s'attache rapidement à lui et on est aussi rapidement charmé par la jolie Julie Christie et c'est toujours un plaisir de voir Alan Bates. Bonne BO de Michel Legrand.
Troisième et dernier film issu de sa collaboration avec Pinter (après The Servant et Accident), Le Messager est l’un des plus aboutis de Joseph Losey. C’est un film inspiré, à la symbolique riche, d’une intelligence rare où le moindre son, la moindre tache de lumière sont à prendre en compte. D’entrée, le cadre est annoncé : une campagne anglaise magnifique, écrasée sous un soleil inhabituel qui fait surgir des pulsions dérangeantes et la musique obsédante de Michel Legrand qui tour à tour souligne les images ou s’offre à elles en contrepoint. Sur le fond, il s’agit d’une étude supplémentaire de la relation du maître et de l’esclave, déjà chère a Aristote et déjà magistralement exposée dans The Servant. On pense bien sûr à L’Amant de Lady Chatterley, mais le propos est ici à la fois plus serré (pas de satire économique) et plus pessimiste dans sa conclusion avec une fin inéluctable, comme il en va habituellement dans le théâtre de Pinter. Julie Christie, immense actrice qui n’a peut-être jamais été aussi belle, réussit le tour de force de faire émaner d’elle beauté hiératique et sensualité torride à la fois. Alan Bates est parfait dans un rôle de granit, presque muet. Quant au jeune Dominic Guard, il est à jamais inoubliable pour l’expression de ses grands yeux ouverts sur sa candeur brisée. Son personnage apporte tout le relief de l’œuvre que nous ne cessons de voir par son regard, justement. La fin (en « flash forward ») est d’une beauté cruelle, en forme de gouttes de pluie ruisselant sur une vitre ou de symphonie à jamais inachevée. Un chef-d’œuvre à voir ou à revoir de toute urgence.
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4,0
Publiée le 14 avril 2012
Un film d'une envoûtante beautè! D'après un roman de L.P Hartley et d' après un scènario d'une finesse inhabituelle de Harold Pinter, le grand Joseph Losey remonte aux origines victoriennes de la dècadence anglo-saxonne à travers une analyse du puritanisme et de la frustration sexuelle! L'orphelin du film, hors de tout prèjugè, puisqu'il est innocent, èlabore des rapports complexes et tènus, subtils et fragiles avec les deux adultes (Julie Christie et Alan Sir Bates sont remarquables) qu'il investit magiquement de significations perceptibles de lui seul! Jusqu'au jour où, dans l'accèlèration des èvènements qui se prècipitent, il dècouvrira l'accouplement physique de ses "parents". Cette rèvèlation de ce que Freud appela la "scène primitive" consume le regard de l'enfant! Alors apparaît sur l'ècran le visage d'un homme dèjà vieux, sans amour, le narrateur et le tèmoin, le messager d'hier, le confident d'aujourd'hui! Et cela donne au final l'une des oeuvres les plus personnelles de Losey qui reçut un Grand Prix au festival de Cannes bien mèritè...
La violence de la vérité finale est brutale. Pour la famille évidemment mais aussi pour "le messager" qui a, dès l'instant où il pénètre cette ferme qu'il a si souvent visitée, la certitude qu'un amour véritable peut être source d'un grand malheur. Un film superbe sur le désir, la passion et les convenances d'un monde qui n'entrevoyait pas mais qui lui ouvre la voie d'une compréhension de la vie.... La naïveté se transforme délicatement en maturité et c'est surtout cette dernière parole de Marianne âgée que je trouve magnifique sur les conséquences de cet amour interdit....
Superbe, de la belle ouvrage à tous les niveaux jusqu'à la musique de Michel Legrand, on se doute dès le début que l'affaire ne va pas bien finir mais Losey arrive à garder une tension pendant tout le film sans avoir l'air d'y toucher.
Le Messager fait parti de ces très rares films qui ont réussi à me captiver juste par la beauté des images, et par une mise en scène remarquable (un peu comme 2001). Tout est remarquable dans le film. La photographie est magistrale (n'allons pas jusqu'à dire que ça vaut Barry Lyndon, mais tout de même), la mise en scène est excellente (ça fait plaisir de voir quelqu'un qui n'a pas peur de faire autre choses que des plans rapprochés au passage). A part ça l'histoire pourra en déconcerter, voire en ennuyer plus d'un. Il est vrai que c'est très lent, mais pour moi ce film est un film d'ambiance, un film de ressentis, un film où il y a beaucoup de choses à comprendre par la symbolique, où tout se passe surtout au niveau des comportements des personnages.
Car le film n'est pas un film facile, non, il ne donne pas tout au spectateur, mais lui permet de réfléchir sur certains aspects. Le récit a toujours un aspect lancinant, fascinant, hypnotisant. Je ne comprends pas pourquoi ce film n'est pas plus connu. C'est pourtant un accomplissement remarquable, où l'art du septième art est particulièrement mis en exergue. Remarquable.
Cet été de vacances d’un enfant est raconté par de belles images, et l’apparence du film pourrait être celle de la nostalgie, du beau souvenir encore enjolivé par le temps. Mais il n’en est rien, car derrière les apparences se révèle la réalité. Le sympathique accueil réservé à Léo n’empêche pas qu’il soit considéré comme un « jouet de l’été » que l’on expose (le nouveau costume), que l’on utilise (les messages) et que l’on méprise (la scène ou Marian craque face à son premier refus de porter un pli). Mépris de classe car Léo ne fait pas partie de l’aristocratie Anglaise décrite ici, qui une fois par an se joint à la « populace » pour une fête commune, et qui est contente quand cela se termine, avec le sentiment de la Bonne Action accomplie. Dans ce cadre social pertinemment décrit, Losey parvient à créer une sensation de mystère, de malaise, voire de malédiction. A côté du magnifique jardin subsiste le jardin abandonné où pousse la belladone, plante vénéneuse et dangereuse, et sous la meule de paille propice au jeu se dissimule une souche et une hache ; et Léo raconte être capable de jeter des sorts, il possède d’ailleurs un grimoire. Le mystère naît aussi d’un procédé fort rare, le « flash forward », ou apparaissent des images intrigantes d’une époque visiblement postérieure, images que l’on comprendra plus tard ; quand réapparaîtra la question de la relativité des souvenirs, effleurée par la phrase en exergue. Tous ces éléments sont parfaitement agencés dans cette dramatique histoire de traumatisme que constitue la découverte du monde et de ses vicissitudes par un enfant (avec une place centrale de la vie sexuelle). Le résultat est un film extrêmement riche et subtil, qui culmine dans un émouvant final.
Troisième et dernier film de la collaboration Losey/Pinter ( après "the servant" et "accident"), " le messager" bénéficie d'une ressortie en salles à l'occasion de l'édition du DVD. Cette ressortie est du meilleur aloi puisque " le messager " était difficilement visible depuis plusieurs décennies malgré la qualité de sa distribution. Palme d'or à Cannes en 1971, c'est un film de grande qualité qui voisine avec les adaptations d' Henry James que mettra en scène quelques années plus tard , le réalisateur américain James Ivory. Un enfant de douze ans issu de famille modeste est invité par un camarade de collège , lui issu de la très haute bourgeoisie à venir passer une partie des vacances d'été dans le château familial. Vite adopté par la grande sœur de son camarade, il se retrouve chargé de transmettre des mots doux à l'amant de cette dernière, un fermier des alentours. Son rôle de messager fait de lui un acteur du drame qui couve, va se produire et dont il ne se remettra pas. La première partie est exceptionnelle. La seconde moins mais le film est de très grande qualité. Le défaut porte selon moi, sur le fait que la partie contemporaine du film est beaucoup trop vite expédiée et la manière dont elle est amenée est là aussi un peu rapide ( pour cette raison, je ne mettrai pas 5 étoiles). Les scènes du drame sont aussi un peu trop vite traitées à mon goût. Pour la petite histoire, Losey choisira les deux acteurs adultes phares du film en voyant leurs prestations dans les films de la nouvelle vague Britannique. Julie Christie est comme toujours à la hauteur , Alan Bates a été me semble t il bien meilleur dans notamment "un amour comme les autres" ( ours d'or à Berlin)de son compatriote John Schlesinger ou on peut vraiment juger de son génie. Losey montre ici, une nouvelle fois, la qualité de son travail de mise en scène qui en font un réalisateur de tout premier ordre dans l'histoire du cinéma d'auteur. Un film à ne pas manquer.
La splendeur absolue des paysages de la campagne anglaise qui constituent le cadre dans lequel se déroule l'histoire du film justifie à elle seule la vision de ce film. On ne peut pas passer non plus sur la somptuosité des intérieurs, ni sur la finesse de la reconstitution. Mais loin d'être un film romanesque, "Le Messager" est une oeuvre froide et cruelle, ce qui fait son essence même car le sujet de l'opposition des classes y est traîté avec infiniment de subtilité, mais d'une froideur et cruauté qui sont contrebalancées par la grande beauté qui ressort de l'ensemble. Le thème musical, même si parfois l'accompagnement est parfois un peu excessif en particulier au début, de Michel Legrand (qui a dû plus qu'inspirer celui de l'émission "Faites entrer l'accusé"!) est magnifique et le jeu d'un casting très prestigieux d'une très grande justesse. Bref, on ne peut pas du tout donner tort à Joseph Losey quand il disait que c'était son film le plus abouti. Palme d'or totalement méritée pour ce très très très beau film.
Le sommet de la carrière de Losey. "Le Messager" met en scène l'éveil du désir chez un enfant qui, confronté trop tôt à la dure réalité du monde des adultes, verra sa vie détruite par cet été et par la découverte trop brutale de la sexualité. Losey place d'emblée le film dans le genre dramatique, le générique d'ouverture se déroulant sur une vitre battue par la pluie. Pluie qui reviendra à la fin, l'été brûlant se terminant dans les larmes. L'image surexposée, faisant baigner l'idyllique campagne anglaise dans une lumière aveuglante et d'une grande sensualité, fait ressortir les pulsions cachées des personnages, dissimulées au fond de leur âme, sous leurs vêtements d'un blanc immaculé. D'où une critique du puritanisme, qui emprisonne les individus et puni ceux qui se osent se révolter. L'excellente musique de Michel Legrand vient renforcer cette sensation d'inadéquation entre les images idylliques et la nature refoulée des personnages, en soulignant les moments dramatiques ou en se plaçant en contrepoint des images calmes. Et on ne peut parler du film sans évoquer le casting impeccable. La formidable Julie Christie parvient, sous des dehors corsetés, à faire subtilement transparaître la sensualité du personnage. Dominic Guard est une vraie révélation, que l'on reverra malheureusement peu par la suite. Et il ne faudrait pas oublier Michael Redgrave qui, malgré seulement quelques minutes de présence à l'écran, parvient à personnifier avec force une vie gâchée, grise, sans amour ni chaleur.
Un bon cru de Joseph Losey. L’histoire de ce jeune garçon issu d’un milieu modeste et parachuté dans l’aristocratie british grâce à son copain d’école est savoureuse à souhait : il sert d’intermédiaire pour porter des plis entre un fermier voisin du château et le personnage de Julie Christie à qui on veut faire épouser quelqu’un de la haute qu’elle n’aime pas. Le jeune garçon s’interroge sur la sexualité auprès du fermier qui refuse de jouer le « professeur » en la matière. Tout est traité avec sensibilité et délicatesse et on passe un bon moment, entaché toutefois par la musique de Michel Legrand qui m’a parue pas adaptée. Film justement récompensé, avec de belles vues de la campagne anglaise du Norfolk.
Le Messager est un bon film de Joseph Losey. La production est de bonne qualité : les décors et les costumes nous plongent facilement au début du XXème siècle. Les acteurs sont impeccables, Julie Christie en tête. L'intrigue est plutôt bien : un jeune garçon très innocent se retrouve le messager d'une correspondance extra-conjugale. La bande originale de Michel Legrand est très belle et ressort du film. Un bon film.
Un grand film, parfaitement maîtrisé, de Joseph Losey. Un film sur le monde inaccessible de l’aristocratie anglaise, corsetée et arrogante, sous ses aspects bienveillants mais aussi sur le monde difficile d’accès des adultes. Un film d’une grande beauté visuelle, illuminée par le charme de Julie Christie et la splendeur de la campagne anglaise (le Norfolk).
Losey n'eut jamais l'habitude d'y aller avec le dos de la cueilliere. Militant communiste convaincu, son cinéma se focalisa, avec une fortune diverse (l'excellent "Accident", le légérement désuet et didactique "The Servant", le ridicule "L'Assassinat de Trotski"), sur les rapports de classe. En adaptant un roman de LP Hartley, à l'époque de cette chère Angleterre Victorienne, il y trouva matière à la critique sociale mais il lui donna surtout de la chair et de la fièvre. Film éminement sensuel, dans une veine finalement presque libertaire dans son analyse de la sexualité comme force pertubatrice des rapports de classe institués, "The Go-Between" n'oublie pas les autres éléments du roman, l'omniprésence du passé, la perte de l'innocence, l'incapacité d'un homme à échapper à l'adolescent qu'il a été. Un foisonnement d'où s'échappe la mélancolie des paysages anglais.