« Actrices », deuxième film réalisé par et avec Valeria Bruni-Tedeschi. Tout de suite, un constat s’impose : cette femme, au bord de la crise de nerfs, donne une dimension légitime à son hystérie, comme si sa fragilité lui autorisait ses écarts. Ce film m’a interpellée parce que je me suis vue, tout simplement. Perdue dans ce chaos à la recherche de sens, d’un sens qui dépasse les accomplissements orchestrés par la société mais dont la lueur est souvent un scintillement microscopique dans l’infini obscur. Il est si facile de s’égarer. Se chercher, se trouver, s’aimer est une lutte quand les contingences présentes ne sont pas en accord avec notre être profond. L’égarement et le doute arrivent comme de gros nuages gris, il faut attendre sagement que la tempête passe. Cette femme a trop d’amour à donner mais personne avec qui le partager, quand asservie par un délire obsessionnel de maternité, elle en vient à sortir son sein pour nourrir un bébé. Elle a peur, elle ne sait plus rien. Tout vole en éclat. Je crois qu’il est facile de s’identifier à son mal-être quand la société, toujours plus exigeante, nous assomme à la réussite (professionnelle, familiale, économique….) Tout se joue sur les rapports actifs et passifs que les individus tissent les uns entre les autres. Etre accepté, reconnu, aimé n’est qu’un jeu de complaisance insuffisant si on n’a pas trouvé, pour soi-même, le rôle dans lequel on rayonne.
Je crois que l’emprise qu’on a sur notre destinée est infinitésimale. A mesure que la spirale se développe, elle se solidifie et on est contraint d’avancer quand même. Cette femme est belle, intelligente, sensible, créatrice, douce, maternante, elle a tout pour elle et pourquoi, comme tant d’autres, elle n’arrive pas à rencontrer l’amour ? Pourquoi à 40 ans, elle est rongée par la solitude injuste de ne pas pouvoir aimer un homme et créer un enfant ? Rien de tout cela ne tient du mérite. Alors à quoi se raccrocher ? Je crois que c’est ce que la réalisatrice a voulu