Les mésaventures d’une actrice de la quarantaine voulant avoir un enfant pendant qu’il est encore temps, et jouant dans une pièce de Tourgueniev.
L’œuvre de Bruni-Tedeschi se situe dans la continuité de sa précédente réalisation : une biographie d’elle-même à peine transposée, celle d’une personne qui ne sait pas gérer sa vie par immaturité affective. Et tout comme l’opus précédent, le film fourmille de trouvailles, soit de détails, soit de scènes, soit de répliques, soit même de construction de plans, et tout cela avec une référence assez claire au cinéma italien de la grande époque. Les acteurs sont toujours excellents, certains ayant d’ailleurs joué dans « il est plus facile pour un chameau… ». Le milieu du théâtre est croqué de belle manière, avec ses interférences personnages de composition - personnes réelles, ses mesquineries, ses moments de joie et de poésie. Cette fois la réalisatrice observe sa créature avec un peu moins d’empathie, montrant de façon plus objective le caractère à la fois touchant et profondément exacerbant qui est le sien, mélange de générosité et d’égoïsme, de naïveté et de rouerie.
Hélas, la production est entachée du même défaut que la précédente : l’absence de progression, bien que cette fois, le choix du film a sketches ait été écarté, et que l’on retrouve donc une unité d’action. Que l’héroïne tourne en rond, soit, mais le spectacle devrait, lui, décrire pour le moins une spirale, faute de quoi l’attention faiblit. L’œuvre reste aussi un peu trop narcissique, mais moins que la précédente, des rôles plus étoffés et dramatiquement bien construits étant donnés à quelques protagonistes, dont Noémie Lvovsky (Nathalie) et Mathieu Amalric (dans le rôle du metteur en scène).
Une œuvre aussi originale que son pendant, mais plus achevée car plus riche, et moins autocentrée.