Premier long-métrage de Robert Rodriguez, El Mariachi est un film qui déplaira sans doute par son côté totalement amateur. Pour ma part, je n’avais pas trop adhéré au premier visionnage, déçu par une action assez faible et l’austérité formelle lié au budget minimaliste du film. Un deuxième visionnage m’a permis de revoir plus objectivement mon avis, et ce n’est finalement pas si mal.
Le casting n’est pas spécialement relevé, mais pour un film amateur c’est décent. Gallardo manque de charisme c’est sûr, et finalement il se fait un peu voler la vedette par Reinol Martinez qui incarne lui le méchant. Mais son jeu n’est pas indécent. Consuelo Gomez est pour sa part séduisante et hérite d’un rôle féminin piquant, comme souvent chez le réalisateur, et elle s’en donne à cœur joie ! Il y a une scène typique du réalisateur, où elle fait des merveilles ! Peter Marquardt de son côté reste trop peu exploité, passant l’essentiel du film au téléphone ! Le casting n’est pas le morceau le plus impressionnant du film, mais enfin, ça tient assez bien la route finalement.
Le scénario part d’une idée simple, et reste sur son idée simple ! Deux types débarquent en ville, un quiproquo, et plein de fusillades autour ! On voit que Rodriguez place déjà tous ses pions dans ce film. Fusillades stylisées, humour noir, références multiples au western ne serait-ce que par l’esthétique, personnages excentriques et violents, El Mariachi est avant tout un film où le réalisateur met en place son style. Reste que c’est bien conduit, avec quelques baisses de régime, une fluidité discutable, mais il y a des moments forts, une gradation bien présente, et surtout Rodriguez est toujours capable de sortir des épisodes forts qui surnagent. Tout l’esprit de Desperado est là !
Formellement El Mariachi souffre évidemment de son budget ultra-limite. C’est très perceptible dans la scène d’ouverture, qui finalement est peut-être celle qui est la plus cheap du métrage ! Heureusement, Rodriguez filme en décor naturel, du coup il profite d’une photographie authentique assez réussie, et les extérieurs sont plutôt convaincants. C’est davantage au niveau des accessoires (les armes, ouch !), des décors intérieurs que le film convainc moins. On sent aussi que Rodriguez n’avait pas un matériel de haute volée pour tourner, du coup c’est filmé parfois un peu à l’arrache et les plans restent simples. Mais les scènes d’action n’en pâtissent pas trop car le réalisateur sait aussi être inventif, et la scène du bar est très efficace. Musicalement rien de surprenant, c’est de la bonne sonorité mexicaine comme Rodriguez l’affectionne !
Sincèrement, El Mariachi pourra faire peur au début avec son côté amateur, et j’avoue que j’avais été un peu rebuté la première fois. Mais c’est un sentiment qui sur le long terme finit par s’atténuer, et El Mariachi est un film débrouillard, malin, qui à mon sens ressemble bien au cinéaste qu’est Rodriguez. C’est sûr qu’il y a des maladresses et qu’avec 7000 dollars de budget il ne faut pas s’attendre à des miracles, mais en tenant compte de ce budget et du fait qu’il s’agit d’un premier film, je ne peux que tirer mon chapeau au réalisateur. 3.5