Jamón, jamón, film de 1992 signée de la main et de l'œil avisé et critique de Bigas Lunas est digne de ces tragédies que l'on connais très bien, que l'on pense sans surprises, mais qui sur une toute petite envolée transperce la moindre réticence !
Oui, ce film est cru, à l'image de ce qu'il traite. Plus que de sa métaphore érotique sauce bouftance j'y vois là surtout un regard posé sur la condition de ces zones industrielles, désertiques, ou les liens sont infiniment plus troubles que le miroir de façade. La virulence du choc à donc son rôle à tenir dans cette description d'un paysage et de ses fondements.
Pénélope Cruz, Javier Bardem à leurs débuts font déjà de sacrée impressions. Physiques, il en est certain, mais aussi plus psychologiques, rapport à la terre et la transmission la ou la gestuelle rejoins son infini. Anna Galiena, Juan Diego, Jordi Molla, Stefania Sandrelli sont aussi à nommées tant la composition est plurielle. La brutalité bestiale sur fond d'amour destructeur à de quoi faire sursauter, il y'a dans la mise en scène toutefois cette chose de cinéma que j'aime tant, une nuance.
Sans encensé ou quadrillé la zone, Bigas Lunas livre sa partition et renvoi à l'image sont identités descriptif et sensorielle, de manière brutale mais dont il transpire un condensée de couleur et de sens. Il faut voir ses exagérations pour bien comprendre son dessein en terme de volupté et d'ardeur, ces dialogues sont aussi habités de cette écriture-ci au demeurant !
Un film extrême, d'une liberté remarquable, d'une cruauté également présente lors de ses moments de beautés ... Un paradoxe assez délectable.