Avec la sortie de "Conte de printemps", l’année 1990 voit la naissance d’une nouvelle quadrilogie, "Les contes des quatre saisons", une quadrilogie qui va s’étaler sur huit ans. Je ne vais pas y aller par quatre chemins, et comme en témoigne ma note je n’ai pas trouvé ce premier volet bien terrible. Pourtant le sujet est intéressant, d’autant qu’il est d’actualité et risque fort de l’être toujours d’avantage étant donné que les statistiques mettent en évidence le nombre croissant de séparations… ou de divorces (ce qui revient au même). Pour être puriste, le volume de divorces baisse, mais c’est aussi parce qu’il y a moins de mariages. Bref ! Ce n’est pas tant le problème du divorce ou de la séparation pure et simple qui est mis en avant ici, ni de ses conséquences, mais plutôt de la problématique liée à la perception de ce genre d’événement par les enfants, et plus encore quand ces derniers voient leurs parents refaire leur vie. Malheureusement, et bien avant d’en arriver à l’essentiel du propos, le long métrage est plombé rapidement par une épouvantable longueur avec un plan semi-circulaire dans un appartement dans lequel le plus grand désordre règne et qui nous fera attendre pendant plus de cinq minutes la première réplique. Il n’est donc pas étonnant de voir qu’au-dessus de l’armoire, on puisse voir une véritable caverne d’Ali-Baba, à laquelle il ne faut surtout pas toucher pour ne pas risquer de tout recevoir sur la tête. Mais c’est aussi l’occasion d’apercevoir un certain nombre d’objets qui n’existent plus, comme les encyclopédies Universalis. Certes c’est accessoire, mais cela permet de constater le soin qui a été apporté à la constitution de tout un univers des plus crédibles. En revanche, je regrette que les premières images montrent que le port de la ceinture est boudé. Ah le bel exemple donné ! Surtout par une enseignante ! Ah ben parlons-en de cette enseignante. J’ai toujours songé que les profs de philo étaient bizarres, en tout cas des gens à part. La confirmation m’en a été donnée ici, en voyant Jeanne (Anne Teyssedre ) philosopher sur ses propres pensées avec une parfaite inconnue. Et c’est là que l’histoire perd tout son crédit. Les deux personnages deviennent aussitôt copines, et s’en vont bras dessus bras dessous (façon de parler hein), l’une invitant l’autre à dormir chez elle. Mieux, elles sont devenues instantanément inséparables, au point de passer tout le week-end ensemble. Quelle incrédulité, mais surtout quelle naïveté ! On ne se connait ni d’Adam ni d’Eve mais on se raconte tout. Du côté de Natacha (Florence Darel), on peut comprendre de par ses propres motivations, mais du côté de Jeanne… Mais comme je l’ai dit, l’histoire met le doigt sur quelque chose de sensible : voir ses parents refaire leur vie chacun de leur côté, et le ressenti vécu par la descendance. C’est assez finement montré par l’intermédiaire de Natacha, puisqu’elle met au jour quelques manipulations, les prises à parti, ou même quelques transformations de la vérité par quelques petits aménagements. Mais voilà, qu’est-ce que c’est bavard ! Mais ce n’est pas tellement ça le plus gênant, quoique la longue discussion sur la philosophie au cours d’un repas prend des airs d’éternité. Ça en devient ennuyeux, si ennuyeux que le spectateur risque de décrocher de façon irrémédiable. Et des discussions de ce genre, je veux dire les discussions qui ne mènent à rien ou à pas grand-chose, il y en a quand même beaucoup. Le plus grand problème cependant reste le jeu d’acteur : il est apathique, emprunté (surtout chez Hugues Quester), très théâtral, tant dans la gestuelle que dans l’expression scénique. Pire, on s’occupe souvent les mains comme pour essayer de gérer au mieux le trac lié à la présence de la caméra. Et ensuite, il y a cette fin pour le moins curieuse. Pourquoi dire oui pour ensuite dire non ? Cela est certes expliqué, mais avec une philosophie pas forcément accessible à tous. Pour résumer, le sujet peut donner à réfléchir, mais encore faut-il être apte à réfléchir selon les règles de la philosophie made in Platon ou autres éminents personnages de cet acabit. Pour les autres, ce film aurait gagné en force et du même coup intéressé un plus large public si plus de spontanéité avait été intégrée, autrement dit s’il avait été plus vivant. En ce qui me concerne et en toute franchise, au vu de l'affiche par ailleurs magnifique, j'attendais quelque chose de plus poignant et d'infiniment plus joli.