Alors que Barry Kane, un ouvrier de l'aéronautique, est accusé à tort d'avoir saboté l'usine où il travaille, provoquant notamment la mort d'un de ses meilleurs amis, il va tout faire pour prouver son innocence et rechercher le véritable coupable.
Dès ma première rencontre avec Saboteur, j'avais été sous le charme et, une fois fini la filmographie du maître, il s'est assez vite classé dans mes favoris et cette nouvelle vision ne fait que le confirmer. On y retrouve tout ce qui fait la réussite d'Hitchcock, à savoir une intrigue efficace sur fond d'espionnage et de complot, du rythme, un innocent accusé à tort ou encore une belle et innocente femme qui va se retrouver sur son chemin. C'est typiquement le genre de film qu'Hitchcock tournait entre 1935 et le début des années 1950, moins ambitieux qu'un Vertigo ou Psycho mais tellement efficace, palpitant et plaisant à suivre.
Ici, il braque sa caméra sur ce jeune ouvrier accusé à tort. Autour de lui, le maître du suspense dresse une galerie de personnages oscillant entre comploteurs louches et simples passants, mais c'est surtout avec une jeune femme que des liens vont être tissés. Dans cette course-poursuite qui va nous emmener d'un bout à l'autre des USA, Hitchcock privilégie l'efficacité, les sensations fortes et le mystère, ce qu'il retranscrit à merveille et il nous immerge au cœur de cette intrigue préfigurant North by northwest et aux côtés des protagonistes. Tourné durant la Seconde Guerre mondiale, on y retrouve aussi quelques traces de l'effort de guerre, mais sans grande conséquence, c'est vraiment la course-poursuite et la rechercher de la vérité, tout en étant traqué par la police, qui prédomine.
L'atmosphère noire, mystérieuse et de complot, est de plus en plus forte plus on avance dans le film, sublimé par une photographie en noir et blanc adéquate ainsi qu'une bande originale signée Frank Skinner collant parfaitement avec le ton du film. Le maître met en place une tension qui sera régulièrement à son apogée et les scènes fortes ne manquent pas, à l'image du fabuleux final, à Soda City ou à New York. On y retrouve aussi le charme de son époque, qu'Hitchcock sublime bien que ce soit à travers certaines conventions ou les divers lieux. Devant la caméra, le duo Robert Cummings/Priscilla Lane marche à merveille, chacun sachant donner de la présence à son personnage.
Pour son cinquième film américain, Hitchcock n'innove guère mais se fait particulièrement efficace pour un film qui ne manque ni de charme ou de mystère. Le maître du suspense brasse de nombreux éléments qu'il connaît à merveille, déborde d'idées et sait imposer tension et atmosphère sombre à son oeuvre.