Un film plutôt joli sur le fond et la forme, mais beaucoup moins audacieux que Ascenseur pour l’échafaud, moins original aussi.
On retrouve quelques-unes des qualités du cinéma de Louis Malle. Bien entendu une superbe bande son, qui pour le coup ici à l’inverse de son premier film n’est pas originale, mais n’en est pas moins belle, recourant largement à Brahms, et pour le meilleur. On retrouve aussi une belle photographie, et même si la réalisation est en effet plus impersonnelle et surtout moins ambitieuse que pour Ascenseur pour l’échafaud, elle n’en reste pas moins soignée et élégante. Reste que l’ensemble donne l’image d’une application polie, un peu morne, forcément décevant pour un réalisateur comme Malle.
Le casting est toujours au rendez-vous. Jeanne Moreau, Bory, Cuny, tous font preuve d’une sobriété de bon aloi, même s’ils ne donnent pas forcément beaucoup de peps au film. Les sentiments sont ténus, rendus avec force subtilité, et même si cela est louable et convient peut-être bien aux personnages, pour autant ça manque un peu de vigueur et d’émotion. Moreau est cependant très belle !
Le scénario est très simple. Malle s’empare vraiment d’un thème de base, et donne un film souvent poétique, parfois séduisant, mais qui souffre clairement d’un rythme faible, surtout dans sa deuxième partie. Forcément avec un sujet de base et presque minimaliste, on ne peut pas tirer des choses fabuleuses et une grande richesse, et Les Amants est à l’image de son titre sobre et minimal. Pas désagréable en somme, mais on reste sur un film embryon, qui ne parvient pas à s’extirper pleinement de la linéarité, à l’inverse justement d’Ascenseur pour l’échafaud.
En gros cette comédie dramatique de Louis Malle est moins bien maitrisée qu’attendu. C’est plutôt joli, mais trop classique, trop académique, et trop simpliste en termes d’histoire pour séduire pleinement, et surtout surprendre sur une histoire très rebattue. Dommage pour un réalisateur qui a montré plus d’une fois qu’il savait être culotté. 2.5