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🎬 RENGER 📼
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3,0
Publiée le 24 mars 2021
Comme à son habitude, Frederick Wiseman nous offre une immersion dans un univers rarement ouvert au grand public. Meat (1976) nous entraine dans les arcanes de l’industrie agroalimentaire et plus particulièrement, celle de la viande. Il nous dévoile le processus de transformation du bœuf et du mouton, du commencement jusqu’à leur destination finale : notre assiette.
Le film démarre au cœur d’un énorme « feedlots » au Colorado, un parc d’engraissement où s’entassent inhumainement les bovins. Ce mode d’élevage, souvent très décrié car ne respectant pas les règles environnementales et encore moins l’éthique animale est très utilisé aux États-Unis (principalement au Texas). Le feedlots où a été tourné le film à une capacité de 125 000 bovins. On suit le parcourt des bêtes, de leur engraissement jusqu’à leur vente aux enchères puis jusqu’à leur abattage, avant d’être empaqueté et envoyé à travers tout le pays pour être vendu dans les supermarchés.
120 minutes durant lesquelles on ne voit pas le temps passer. Le réalisateur filme toutes les étapes de l’abattage des animaux, lorsqu’ils quittent le feedlots pour se rendre à l’abattoir. En un claquement de doigt, le bovin est étourdi par le biais d’un pistolet d’abatage, s’ensuit pour lui, un long parcours sur la chaîne de l’abattoir. Un travail à la chaîne ressemblant à s’y méprendre à une usine d'assemblage automobiles sauf qu'ici ils désassemblent les bovins. La saignée, la coupe des pattes antérieures, le traçage et l’arrachage du cuir jusqu’à l’éviscération, rien ne nous est épargné, tout y est dévoilé. Certes, le résultat est bien moins écoeurant que ne pouvait l’être Le Sang des bêtes (1948) de Georges Franju ou plus récemment avec Saigneurs (2016) de Vincent Gaullier & Raphael Girardot. Filmé en noir & blanc, si vous craigniez de vous retrouver face à des effusions de sangs, ça ne sera pas le cas. Il est intéressant de voir le ballet incessant des ouvriers armés de leurs ustensiles (couteaux, scies circulaires, cisailles mécaniques, cisailles à dépecer, …). Tous s’affairent avec une coordination et une rigueur extrême (ce qui n’empêche pas l’un d’eux de suivre d’un œil un match de football américain tout en nettoyant des entrailles).
Frederick Wiseman alterne le travail à la chaîne déshumanisé avec quelques séquences tournées dans les bureaux de l’abattoir, où les commerciaux tentent de vendre au meilleur prix leur barbaque quand dans le bureau d’à côté, des délégués syndicaux réclament plus de personnel quand la direction en demande le contraire.
Un documentaire très instructif nous permettant d’en savoir plus sur ce que l’on mange où comment un simple bovin devient le steak haché que vous allez acheter dans votre boucherie.