Comment puis-je résumer ce film ? Ben un truc long, très long, trop long, inconsistant, vide d’émotion, dans lequel on s’ennuie plus que ferme malgré une pléiade de comédiens renommés.
Les Uns et les autres ne reposent que sur une seule chose : sa musique. Ce que l’on retient à la fin du film, c’est d’avoir assister à une succession de séquences de danses accompagnées de musique, spécialement du Boléro de Ravel. C’est le seul véritable attrait de ce film, mais j’ai envie de dire, si on veut voir du ballet et spécialement du ballet Béjart, il y a de quoi faire sans se coltiner les trois heures interminables de ce film qui ne présente, pour le reste aucun intérêt.
Le film dure 3 heures, mais comme il suit les destins d’une multitude invraisemblable de personnages, au bout du compte on se surprend à n’en connaître aucun, et à ne s’attacher à aucun d’entre eux. Trop de personnages principaux, et en plus parfois campés par les mêmes acteurs à peine maquillés, si bien qu’on se perd dans les époques et les rôles avec une aisance confondante. Les interprètes restent cantonnés à des coquilles vides le plus souvent, et lorsqu’un rôle devient intéressant, et bien paf, on passe à un autre ! Lelouch évite soigneusement de nous montrer tous les moments importants, les moments clés, si bien qu’il faut en plus composer avec un nombre d’ellipses invraisemblables, et essayer de comprendre, tant bien que mal, un métrage qui possède une narration dangereusement chaotique, et parfois franchement incompréhensible. Quelques scènes, fortes d’apparence, surnagent de ci de là, au milieu d’un gloubi-boulga pontifiant et franchement médiocre. Lelouch signe vraiment une fresque à travers laquelle on a aucune envie d’entrée, tant elle appartient à ces gros pavés indigestes, dans lesquels la quantité, la masse, l’étendue, l’emporte sur la finesse des sentiments, la subtilité du discours, et la puissance du presque rien. En clair, on assiste à un film Reader Digest, qui essaye en 3 heures de résumé l’essentiel de 4 ou 5 films différents, et malgré la longueur peu commode du produit, c’est forcément très insuffisant.
Il faut aussi avouer que Lelouch ne fait pas de gros efforts formels non plus. Caméra très roide, notamment lors des scènes de danse, incapacité à se doter de décors et d’une photographie digne de ce nom, et surtout digne d’autres fresques historiques et artistiques du genre, à l’instar du 1900 de Bertolucci par exemple. Très peu d’extérieurs entre autres, et des intérieurs qui ne cassent pas la baraque, pour un métrage à l’élégance toute relative, si l’on s’éloigne de la bande son et des prestations dansées de qualité.
Les Uns et les autres est un film où Lelouch crie son amour de la musique et de la danse, mais il le crie pour lui, et c’est dommage. Dans ce film long, mou et paresseux, il ne se passe rien, et surtout rien de touchant. Et pourtant ce ne sont pas les séquences qui auraient manqué à donner un peu de vigueur émotionnelle. 1