43 ans après, c’est toujours le même plaisir à voir ce film choral (spécialité de Claude Lelouch) qui résume une quarantaine d’années du XXe s, à travers 4 familles (russe de Moscou, allemande de Berlin, française de Paris et américaine de New York) et dont le point commun (et fil conducteur du film) est la musique et la danse. C’est une fresque historique [2nde guerre mondiale, déportation dans les camps de la mort nazis,
inspiration de la fuite à l’ouest du danseur russe Rudolf Noureev (1938-1993) à l’aéroport du Bourget en 1961, de la compromission du chef d’orchestre Herbert von Karajan (1908-1989) avec le régime nazi et du chef d’orchestre américain Glenn Miller (1904-1944)]
et intimiste, pleine d’émotions mais sans emphase, qui dépeint la condition humaine (rejet par sa famille, mariage, naissance, divorce et mort). On a le plaisir de retrouver des acteurs disparus ou qui ont vieilli comme nous depuis. Outre la musique originale de Francis LAI (15e collaboration, à 49 ans, sur 32) et Michel LEGRAND (49 ans à l’époque), le film s’accompagne brillamment de la « 7e symphonie en la majeur opus 92 », composée à 41 ans par Ludwig van Beethoven (1770-1837), notamment du 4e mouvement (allegro con brio) et du « Boléro » (M.81), composé à 43 ans, par Maurice Ravel (1875-1937) sur lequel Maurice Béjart (1927-2007) a créé une chorégraphie, interprétée par l’Argentin Jorge DONN (34 ans). Du vrai cinéma, avec peu de dialogues où les images parlent d’elles-mêmes, avec une caméra très mobile (typique du style Lelouch) et la photographie de Jean BOFFETY. Sans négliger, d’une part, l’émotion avec, notamment, le personnage d’Anne Meyer (
Nicole GARCIA, 35 ans), à la recherche, toute sa vie, de son bébé, David, abandonné en août 1942 entre les rails de la gare d’Igney-Avricourt (Moselle) lors de sa déportation à Mauthausen (Autriche)
et le couple d’Américains, voisins du musicien de jazz, Jack Glenn (James CAAN, 41 ans),
apprenant la mort de leur 2 jumeaux lors du débarquement en Normandie
, et d’autre part, la comédie [
scène où Jacques VILLERET (30 ans, 7e collaboration sur 8 avec Lelouch), passionné de chevaux de course, dit ses 4 vérités à ses amis de régiment en Algérie, Francis HUSTER (34 ans, 3e collaboration sur 6), chirurgien, pas assez viril avec sa femme et ex-épouse de son père, Robert HOSSEIN (54 ans, 2e collaboration sur 4), avocat trop combinard, et le boxeur Jean-Claude BOUTTIER (37 ans), pas assez méchant sur le ring.
Dernière originalité, le réalisateur fait jouer par le même acteur, le père et le fils ou la mère et la fille [Robert Hossein, Evelyne Bouix (28 ans et compagne de Claude Lelouch à l’époque), Jorge Donn, James Caan et Geraldine Chaplin].