Anouk Grinberg et Charlotte Gainsbourg, prises dans la tourmente de la vie et de l'Histoire, malmenées par les hommes et témoins des tragédie du siècle: la déportation, le sida. Bertrand Blier n'épargne pas Joëlle (Anouk Grinberg, une sacrée nature d'actrice) ni Camille dans un univers étrange et déroutant, où se téléscopent en une apparente incohérence images, couleurs,époques et même de multiples scènes d'un film dans le film.
Quel dessein poursuit Blier à travers ce scénario qui part dans tous les sens? Sans doute de nous dire que la vie est une succession d'épreuves dramatiques et brutales, incompréhensibles au commun, et qu'elle lui inspire, en dépit de ses dialogues comico-absurdes, un sentiment globalement pessimiste., à en juger, de surcroît, par le dernier plan
où Jean Carmet pose, le regard vague, en vieillard paralytique, comme l'aboutissement inéluctable de toute vie.
Personnage central de "Merci la vie", Anouk Grinberg, belle, pleine d'amour et de vitalité, semble incarner l'humanité souffrante, la victime de tous les maux sur Terre.
Quoiqu'il en soit, Blier égare le spectateur dans un labyrinthe où la noirceur cohabite avec le grotesque, où la dialectique impertinente, décalée, de l'auteur est moins réjouissante que dans ses films moins graves, tels "Buffet froid" ou "Tenue de soirée". Dans le désordre de la mise en scène, les petits numéros d'acteur, tout en provoc et en loufoquerie, des Blanc, Depardieu ou Annie Girardot, laissent indifférent et c'est ce qu'on regrette le plus de la part du dialoguiste Blier.