Coïncidence, j'ai découvert récemment "Un Singe en Hiver", qui traitait de l'alcoolisme de manière trop bienveillante à mon goût. Aujourd'hui, je visionne "The Lost Weekend", autrement plus réaliste. Il est d'ailleurs considéré comme le premier film à avoir pris au sérieux l'alcoolisme, là où le cinéma avait tendance à dépeindre cela avec humour. A tel point que le lobbies des boissons tentera de discréditer le film !
Il faut donc saluer l'audace pour l'époque. On suit, sur un long weekend (et des flashbacks) l'histoire de Don, auteur raté et alcoolique au dernier degré. Son frère et sa petite amie tentent de l'aider, malgré cela il s'enfoncera durant ces quelques jours dans une bassesse infernale.
J'ai malheureusement quelques connaissances qui sont alcooliques sévères. Certains s'en sont sortis non sans heurts, d'autres y sont encore. En tout cas j'ai parfaitement retrouvé leurs comportements et les dilemmes avec ce qui est présenté à l'écran. Les mensonges aux proches, qui induisent un manque de confiance. Les filouteries pour tenter, toujours, d'avoir de l'alcool sous la main. L'argent qui part dans les bouteilles de manière incontrôlé. Les séquelles physiques. La honte devant les autres. Les actes bas. Etc.
Preuve que le film est bien documenté, bien construit, et secoue la branche après (et avant) des années où cette thématique est traitée trop légèrement au cinéma. Avec en prime un Ray Milland complètement dans son personnage, sur lequel on décèle les vices, les manipulations, mais aussi la souffrance. Un rôle pas évident à jouer, tant il était facile de se livrer à un cabotinage de poivrot.
Billy Wilder dirige bien son film, se permettant à l'occasion quelques originalités de mise en scène qui font leur petit effet. Et, ironiquement, il parvient à traiter frontalement ce sujet, quand le Code de censure Hays était peu coulant sur les drogues à l'écran.
Je reprocherai un final qui n'est pas vraiment dans le ton du film. Et une BO au thérémine qui n'est pas du meilleur goût... mais je ne peux pas accuser le compositeur. Le thérémine était nouveau à l'époque dans les BO au cinéma. Et il avait un aspect inquiétant, avant qu'il ne soit massivement utilisé par des séries B de SF pour illustrer des sons de soucoupes volantes. D'où le décalage pour un spectateur moderne.