Joseph Losey a déclaré que The Servant s'inspire librement de la célèbre fable de Goethe. Le cinéaste dit avoir cherché à en proposer une variante moderne. Avec un Méphistophélès sous les traits de Dirk Bogarde.
The Servant fonctionne sur un huis-clos ou presque, digne d'une pièce de théâtre, et pour cause : c'est Harold Pinter qui a mis sur pied l'adaptation cinématographique du roman de Robin Maugham. Par ailleurs, le célèbre dramaturge anglais y joue un petit rôle.
La relation entre les deux personnages principaux est de nature homosexuelle et sado-masochiste de surcroît. Joseph Losey le confirme : "C'est un sujet tragique comme tout ce qui est plus fort que la société, que la règle; que soi. Pour moi, le jeune homme [Tony, l'aristocrate joué par James Fox] est l'innocence, et c'est pour cela qu'il est un homosexuel fondamental. Tout homme doit vaincre une partie de lui-même pour aller vers la femme". Bien évidemment, du fait du puritanisme et des censures d'époque, Joseph Losey est obligé de traiter du sujet de façon implicite et souterraine: "Entre les deux hommes, il ne se passe rien pendant la durée du film. Après? Tout est possible." Mais cela n'a pas empêché le film de scandaliser un grand nombre de spectateurs.
Révélé pour son rôle d'avocat bisexuel dans Victim de Basil Dearden (1961), Dirk Bogarde a été alors nominé aux BAFTA mais ne remportera pas le prix convoité. Il a néanmoins attiré l'attention de Joseph Losey qui lui confie le rôle du domestique dans The Servant. Fort du plébiscite dont le film a bénéficié, les deux hommes tourneront ensuite en 1966 un film d'aventure grand public, Modesty Blaise. L'année suivante, ils retravailleront une dernière fois ensemble sur un drame psychologique, Accident.
La British Academy Film Award (équivalent anglais des Oscars) a récompensé la prestation de Dirk Bogarde en lui décernant le Prix du meilleur acteur dans un rôle principal.